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Une utopie dans la ville

Jyllinge → Copenhague (København pour les intimes) – 60 km (en flânant)

Début des années 70, en plein cœur de Copenhague, les clôtures entourant un quartier militaire désaffecté sont mises à bas, et un petit groupe de sympathiques squatteurs proclame la naissance d’une ville libre, Christiania : « L’objectif de Christiania est de créer une société autogérée dans laquelle chaque individu se sent responsable du bien-être de la communauté entière. Notre société doit être économiquement autonome et nous ne devons jamais dévier de notre conviction que la misère physique et psychologique peut être évitée. »

Évidemment le gouvernement danois de l’époque n’était pas follement emballé par le concept. Ils tentèrent de déloger ce petit monde. Mais les gens revenaient, toujours plus nombreux, et ont commencé à construire de belles maisons hétéroclites et à ensemencer champs et potagers. Alors à force l’État a fini par caler l’affaire, et a laissé l’Alter-société se développer, à titre d’expérience (même si au gré des gouvernements il y a parfois de petits regains d’autorité…).

Christiania a aussi dû un peu se battre contre elle-même, car malheureusement ce genre d’essai attire toujours son lot de désœuvrés. Mais une « purge » en 79 fit quitter toute trace de drogue dure du quartier, après une série de morts par overdose. Alors d’étranges commerces se passent toujours à Pusher « no photo » Street, mais c’est devenu plus innocent, et surtout beaucoup plus touristique.

Aujourd’hui 9 lois régissent principalement les 1 000 habitants « officiels » du quartier et les milliers de visiteurs quotidiens : pas d’arme ; pas de drogue dure ; pas de violence ; pas de voiture privée ; pas de gangs ; pas de gilets pare-balles ; pas de vente de feux d’artifice ; pas d’utilisation d’explosifs ; pas de vol. On n’est pas loin des 10 Commandements. Pour le reste, vis ta vie. Et bien sûr en tant que citoyen de Christiania tu te dois de contribuer un minimum à ta communauté, à travers ton temps ou ton argent. Car bon au final les chartes c’est bien beau, mais Christiania n’a quand même jamais réussi à se couper complètement de l’économie du reste du monde, même si le partage et les pratiques communautaires ont largement cours. En même temps pas si simple quand on n’est qu’un îlot de bonne volonté au milieu de l’océan capitaliste.

En tout cas c’est un bien chouette endroit, plein de vie, de créativité, de couleurs, de musique, d’odeurs, une ode à l’insouciance et au droit à la différence dans une bienveillante indifférence. Dépaysant, littéralement.

8 Comments

  1. P'pa

    Un îlot d’utopie… Ça fait du bien dans ce monde un peu fou. Eh oui, les fous ne sont pas toujours du côté où on croit.

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