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Les pirates du lac

Granada

Après William Walker, place à un autre personnage historique controversé ayant eu maille à partir avec le Nicaragua. Enfin avec Granada plus précisément. Un des plus grands coups de maître de l’histoire de la piraterie caribéenne est à attribuer à Henry Morgan, un flibustier anglais qui avait déjà commencé à se faire un nom grâce à quelques habiles forfaitures, un goût prononcé pour la violence et une absence totale de scrupules.

En juin 1665, accompagné de son habituelle bande de rufians, il abandonne son navire pour 6 longs canoës de 12 m en bois, avec lesquels il remonte patiemment le rio San Juan depuis la mer des Caraïbes. Uniquement en nocturne, à la frontale, planquant hommes et canoës le jour. Il finit par arriver dans le vaste lac Nicaragua, qu’il traverse plein nord jusqu’à atteindre Granada, alors la cité la plus riche d’Amérique Centrale. Qui évidemment ne s’attend pas vraiment à un raid de pirates, étant donné sa situation géographique. Totalement prise au dépourvue, la ville est saccagée 16 heures durant. La bande de voleurs des mers s’en donne à cœur joie, massacrant, incendiant, pillant bien sûr les objets précieux, mais aussi toutes les munitions. Morgan coule dans la foulée toutes les embarcations susceptibles de lui donner la chasse, et s’en retourne tranquillement à Port Royal (Jamaïque), où il est accueilli en véritable héros, inscrivant son nom au panthéon de la flibuste.

Dans les années qui suivirent, Granada fut pillée à de nombreuses reprises, maintenant qu’on savait comment faire… Il suffisait juste d’attendre un peu que la ville se renfloue entre deux raids. D’autres villes nicaraguayennes plus au nord subirent le même sort. Mais il faut noter qu’au final, ces bandits épris de liberté et de beuveries, originaires de toute l’Europe, fondèrent dans la région plus de colonies qu’ils n’en saccagèrent… Un siècle plus tard, les troupes de Granada, sous la houlette d’une jeune commandante de 17 ans Rafaela Herrera, infligèrent une cuisante défaite aux rufians venus la saccager une fois de plus. Le début de la fin de la grande ère des pirates, une période d’aventure, de coffres aux trésors, de tonneaux de rhum et de morts violentes.

À noter que Sir Henri Morgan, après son exploit à Grenade, enchaîne avec d’autres hauts-faits, notamment le sac de Panama en 1670, avec de nombreuses exactions à la clé. Devenu riche, il passe un temps par la case prison, puis est fait chevalier, et devient finalement gouverneur général de Jamaïque en 1684. Comme quoi, on peut avoir un mauvais fond et faire de la politique. Comment ça « c’est même systématique » ? Alcoolique invétéré, le capitaine-gouverneur décède 4 ans plus tard, sans descendance officielle. Un pirate ne meurt pas vieux, c’est tricher.

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