Old Bank
Me voici installé pour encore quelques jours sur la côte Caraïbe, avant de la quitter pour un petit moment, je ne devrais la retrouver que fin avril au Mexique. Intéressons-nous donc aujourd’hui au filiforme Panamá.
Une fois et demi plus grand que son voisin costaricain (tout en longueur), mais avec un peu moins d’habitants, on a donc affaire à un pays relativement vide, d’autant que la capitale Panamá City concentre près de la moitié de la population. D’ailleurs tout comme son voisin, le pays ne possède plus d’armée, a protégé une large partie de son territoire, et son économie est plutôt développée. Sauf qu’à la différence du Costa Rica, ce n’est pas le tourisme qui apporte les sous-sous, celui-ci étant encore balbutiant. Non c’est le Canal bien sûr, que le bonhomme orange rêve de récupérer, ce qui serait catastrophique pour les finances panaméennes. En attendant, cela permet au gouvernement de tenter divers investissements pour aider la moitié de la population vivant encore sous le seuil de pauvreté. Ah oui, et le Panamá est un paradis fiscal aussi. Bon concrètement leur coefficient de Gini n’est pas au top…
Les plus anciennes traces de culture précolombienne datent de 12 000 ans environ, et quand les envahisseurs arrivent à la toute fin du XVème siècle, on estime qu’entre 600 000 et 1 000 000 de personnes vivent dans la région (non négligeable !), réparties en trois groupes ethniques, sans réel pouvoir central. Le choc civilisationnel sera violent ! Une ville est fondée en 1510 par Vasco Núñez de Balboa sur la côte Caraïbe, la toute première du continent ! Bon elle ne durera qu’une quinzaine d’années avant d’être éclipsée par l’actuelle capitale. Balboa sera aussi le premier à atteindre l’océan Pacifique (qu’il nomma « mer du Sud », car il n’imaginait absolument pas être sur les berges du vaste océan…), l’avantage du Panamá étant qu’on n’a pas longtemps à marcher pour relier les deux rives… Étonnamment Vasco Núñez avait réussi à établir des relations plutôt pacifiques avec les peuples locaux, qui, du fait de l’imposante stature du capitaine, ne tardèrent pas à l’appeler affectueusement Rocky Balboa. Oui désolé, il fallait que je la fasse… Le malheureux sera exécuté en 1519 pour « rébellion », car il n’avait pas les papiers nécessaires pour construire sa ville, c’est ballot.
Bon ensuite l’histoire est assez classique : empire espagnol, encomienda, maladies, pirates, esclaves africains, guerres d’indépendance… Le Panamá se rattache alors à la Colombie, et devient finalement un pays officiel indépendant le 18 novembre 1903, à l’issue de la Guerre des Mille Jours, cf. la massive leçon d’histoire colombienne. Enfin indépendant, il faut le dire vite. Car non seulement le jeune gouvernement cède une bande du territoire aux Américains afin qu’ils y construisent leur lucratif Canal, mais leur permet aussi d’intervenir militairement en cas d’atteinte à l’ordre public (les États-Unis installeront d’ailleurs de nombreuses bases militaires dans la région). Un protectorat en somme. C’est qu’il faut se méfier, avec tous ces indigènes rebelles… Au final il ne se passe pas grand-chose les 60 années suivantes : les Américains s’enrichissent, les Panaméens restent majoritairement pauvres.
Mais en 1968, coup d’état militaire d’Omar Torrijos, qui chasse l’oligarchie au pouvoir. Souverainiste et proche du peuple, il transforme radicalement son pays avec de nombreuses avancées sociales, l’émergence d’une classe moyenne, la représentation des communautés indigènes… Cerise sur le gâteau, il récupère la souveraineté sur la Canal en 1977 (qui ne deviendra effective qu’en 1999) ! Mais Omar décède dans un mystérieux accident d’avion en 1981. Certains y verront la marque de la CIA. D’autres le fruit du hasard. On ne saura jamais. Après quelques querelles intestines, c’est un certain Manuel Noriega qui devient le nouvel homme fort du pays (même s’il n’en sera jamais officiellement le président). Le nom ne vous est sans doute pas inconnu, et il y aurait beaucoup à raconter sur cet ex-agent de la CIA, trafiquant de cocaïne, fournisseur d’armes aux guérilleros communistes… Un vrai roman à lui tout seul. Il sera progressivement lâché par les États-Unis, qui envahissent le pays en 1989 pour arrêter Manu.
Les dernières années de notre frise chronologique ne présentent guère d’intérêt, avec une simple succession de présidents régulièrement accusés de corruption, sans grande surprise. À noter tout de même l’affaire récente des Panama Papers en 2016, une fuite de millions de documents confidentiels révélant un système bien rôdé d’évasion fiscale impliquant de nombreux hommes politiques, milliardaires, célébrités… Les conséquences de cette fuite ? Euh bah aucune, pourquoi ? Quelques personnes « outrées », histoire de. Mais bon, ça ne se fait pas vraiment de taper sur les riches enfin
















C’est vraiment désolant ces décors de cartes postales !😂
Neige pour nous ce matin, ça faisait aussi carte postale !
Ah oui la neige, ça manque parfois !