Menu Fermer

Déambulations boukhariennes

Boukhara

Il ne serait pas forcément pertinent de comparer Samarcande et Boukhara, tant les deux villes s’avèrent être différentes. Après avoir fait table rase de son passé millénaire, Samarcande est repartie de zéro au XIVème siècle, misant tout sur la grandeur et la magnificence de ses monuments. Et elle ne s’est pas loupée : près de 700 ans plus tard, le visiteur demeure bien souvent bouche bée.

Du côté de Boukhara, c’est nettement plus subtil. Si les racines de la ville sont aussi anciennes que celles de sa consœur, c’est à partir du IXème siècle que la « Noble Boukhara », alors capitale de l’État Samanide, va rapidement se développer pour devenir le cœur religieux et culturel de l’Asie Centrale. Il ne reste pas grand-chose de cette époque, car bien sûr la ville a été ravagée par Gengis « la Tornade » Khan lors de son passage dans le coin, mais elle a tant bien que mal surmonté le désastre. Peut-être grâce à la survie du célèbre minaret de Kalon : il impressionna tant l’inflexible envahisseur mongol qu’il ne put se résoudre à le détruire. Comme quoi, pour échapper à la furie de la horde, il suffisait de voir grand… Et puis à partir XVIème siècle, nouvel âge d’or avec l’arrivée des Ouzbeks, qui décidèrent de faire de Boukhara la capitale d’abord d’un khanat, puis d’un émirat (qui perdurera jusqu’à l’arrivée des bolchéviques). Ça va bâtir à tour de bras : des douzaines de caravansérails, plus de 100 madrassas et près de 300 mosquées. C’est ce qu’on appelle ne pas faire les choses à moitié…

Or tout ce riche patrimoine va plus ou moins bien survivre jusqu’à nos jours, pour le plus grand bonheur des touristes ! La bonne idée du gouvernement : ne pas trop disneyifier les lieux. Évidemment les boutiques de souvenirs constituent tout de même l’écrasante majorité des commerces du centre-ville, encerclant les principaux monuments, mais pour autant les ruelles labyrinthiques n’ont pas disparu sous la pression des promoteurs. On se prend à y déambuler calmement, guettant l’éclat des mosaïques d’un portail de madrassa en ruines, ou le calme d’une mosquée cachée. Et entre deux groupes de russes en goguette, il est encore possible d’observer la vie, la vraie : quelques jeunes improvisant un match de foot, deux commères assises à tailler le bout de gras, une bande de vieux en pleine partie de cartes ou de backgammon… Et des chats, des chats partout. Sociables. Ce qui est toujours bon signe. Quand arrive l’heure dorée, et que la température commence à descendre, les rues se remplissent, locaux et touristes se mêlent aux terrasses des cafés. Et lorsque les derniers rayons du soleil disparaissent sous l’horizon, les spots colorés prennent le relais, soulignant la subtile beauté des monumentales façades. Boukhara n’est pas une ville qui époustoufle (encore que), mais une ville qui se déguste. Lentement.

2 Comments

Répondre à Vadrouilleur Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *