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Leçon express II

Khodjent → Penjikent – 4 h 30 de taxi partagé

En route pour ma deuxième étape tadjike, à travers de spectaculaires paysages de montagne. Objectif Penjikent (orthographe très variable), l’une des plus anciennes villes du pays, puisque du Vème au VIIIème siècle c’était un peu the place to be sur la Route de la Soie. Tiens, l’occasion d’une petite leçon express.

Côté géographie, prenez le Kirghizstan, enlevez quelques lacs ainsi qu’un quart de sa surface, rajoutez trois millions d’habitants plus un chouia de montagnes (difficile de toute façon d’en rajouter beaucoup…), et vous obtenez le Tadjikistan. Point culminant à 7495 m, Kirghizstan battu pour 56 mètres, et toc !

Côté histoire, prenez… Nan allez on va la faire complète. De l’Antiquité au IXème siècle, la région voit défiler divers conquérants plus ou moins éphémères : Perses, Grecs, Indiens, Turcs, Arabes… Arrive alors Ismaïl Somoni, un émir persan qui fonde un beau petit empire ayant pour capitale Boukhara, et englobant en gros les actuels Iran, Afghanistan, Ouzbékistan et Tadjikistan. Les Tadjiks considèrent cet empire comme leur première véritable structure étatique, et la source de leur identité. D’où les statues de Somoni dans toutes les villes du coin… L’empire samanide ne durera guère plus d’un siècle et demi, mais par la suite plus personne ne s’intéressera vraiment à ces montagnes perdues, à part quelques envahisseurs de passage…

Jusqu’aux Russes au XIXème siècle. Tiens une nouvelle connerie à mettre à leur crédit : Ouzbeks (plutôt turcophones) et Tadjiks (plutôt persanophones) vivaient tranquillement côte à côte depuis des siècles, notamment dans la vallée de Ferghana ou dans les grandes villes de Samarkand et Boukhara. Mais ça ne plaisait pas trop à Staline tous ces sous-peuples mélangés, alors il traça des frontières bien nettes, et obligea Tadjiks et Ouzbeks à adopter l’identité officielle du pays dans lequel ils se trouvaient. Et s’ils n’étaient pas contents, ils pouvaient toujours déménager…

Comme tous les voisins, indépendance en 1990 lors de l’explosion de l’URSS. Mais ici ça se passe moyennement bien, et une violente guerre civile entre divers ambitieux va secouer le pays jusqu’en 1997, faisant près de 50 000 morts. Dès 1992, c’est Emomali Rahmon qui prend les rênes du Tadjikistan. Il sera réélu en 1999. Puis en 2006. Puis en 2013. Puis en 2020. Puis en 2027. Ah non au temps pour moi, j’anticipe un peu. Bon c’est donc lui dont on peut voir les portraits géants un peu partout. Il a remporté la dernière « élection » avec plus de 90% des voix. C’est ce qu’on appelle un beau plébiscite…

2 Comments

    • Vadrouilleur

      Eh bien actuellement seulement 24 pays dans le monde sont considérés comme étant des « démocraties complètes ». Etant donné que l’ONU recense 193 pays, le calcul est facile…

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