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Tsunami et charia

Iboih

La province d’Aceh (se prononce Atchè) occupe toute la partie nord de Sumatra, et une place un peu à part en Indonésie.

De par sa position géographique privilégiée, la région a toujours été un important carrefour commercial. Avec l’arrivée au Moyen-Âge de marchands arabes, turcs ou persans, l’islam commence à s’implanter ici, avant de progressivement se répandre toute l’Indonésie. Le puissant sultanat d’Aceh sera fondé à partir de 1523, et tiendra longtemps la dragée haute aux tentatives de colonisations occidentales.

Sauf que les Néerlandais sont quand même bien décidés à s’emparer de tout l’archipel. Et manque de pot, ils découvrent ici du pétrole. La lutte sera féroce, mais le sultanat est officiellement aboli en 1903. Officieusement, c’est le début d’une longue phase de résistance armée depuis les montagnes centrales, où se sont réfugiés tous les leaders religieux.

Lorsque l’Indonésie gagne son indépendance, Aceh obtient un statut spécial, lui permettant en gros d’appliquer la charia (loi islamique). Mais ce statut sera finalement supprimé après la violente prise de pouvoir de Soeharto. Et ça ne va pas du tout plaire aux Acehnais, qui vont fonder le GAM, un mouvement séparatiste. Retour à la lutte armée clandestine dans les années 80-90, avec à la clé des milliers de morts dans les deux camps, et une province à feu et à sang.

Mais alors que la paix semblait s’éloigner chaque jour un peu plus, un terrible drame va finir par mettre tout le monde d’accord. Le 26 décembre 2004, à 7 h 58, un séisme de magnitude 9,1 se déclenche au large de la côte ouest d’Aceh. Plus ou moins une heure plus tard, des vagues géantes mesurant jusqu’à 35 mètres de haut atteignent les côtes. Elles feront ici la bagatelle de 170 000 morts et 500 000 sans-abris. Le 15 août 2005, un accord de paix est trouvé entre le GAM et le gouvernement de Jakarta. Rétablissement dans la foulée de la charia, avec d’autant plus de vigueur que pour beaucoup d’extrémistes religieux, le tsunami n’est autre qu’une punition divine pour s’être détourné de la sainte parole. Ou alors cela pourrait aussi être une rupture parfaitement naturelle de la zone de subduction entre la plaque indienne et celle d’Andaman ? Houlà nan, beaucoup trop tordue cette explication…

Bon, même si je ne suis pas un grand fan des dictatures religieuses (euphémisme), du moment qu’on ne se balade pas à poil, les Acehnais sont on ne peut plus sympathiques, à l’image du reste des Indonésiens. Espérons juste qu’une nouvelle punition divine n’est pas prévue dans les prochains jours.

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