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Back from the jungle

Ketambe → Iboih (Pulau Weh) – 16 h de minibus, 1 h de ferry, 1 h de touk-touk, grosse journée

Si un jour vous êtes amenés à vous poser la question « tiens, est-ce que ça le fait si j’enchaîne trois jours dans la jungle, puis dans la foulée seize heures de minibus bondé piloté par un chauffeur kamikaze amateur de country music ? », la réponse est « ça peut le faire, mais bon… ».

Lorsque l’on quitte les trois maisons qui forment le petit village de Ketambe, pas d’autre choix que de longer un peu l’unique route qui traverse le centre de Sumatra, raisonnablement passante. À droite, le Parc National du Gunung Leuser. À gauche, une large et tumultueuse rivière, véritable frontière naturelle pour la faune. Au-delà de l’eau, le parc continue, mais son accès est strictement réservé à quelques scientifiques, les touristes n’y mettront jamais les pieds (espérons-le du moins). Concentrons-nous donc sur la partie droite.

À un moment donné, vous distinguez ce qui ressemble vaguement à une sente perpendiculaire à la route, perçant le fouillis végétal. Il vous faut l’emprunter, et commencer à escalader une pente abrupte. Rapidement, divers embranchements apparaissent, mais le guide ne marque pas la moindre hésitation, ce qui est plutôt rassurant. Les camions continuent de se faire entendre un long moment (il n’est pas si simple de se soustraire à la civilisation), mais vous finissez pas dépasser une petite crête, et ne subsistent alors que les bruits de la jungle : cigales et trilles mélodiques.

Soudain, un craquement sonore. Le guide se fige, et scrute attentivement la canopée. Puis il tend le doigt. Au début, vous ne distinguez rien de plus que feuilles et branches par milliers. Finalement, un lent mouvement, et une large masse orange se matérialise une dizaine de mètres au-dessus de vous. Elle vous observe ! Puis, constatant que vous n’êtes qu’une de ces étranges et inoffensives créatures glabres armées d’un petit rectangle noir luisant, elle reprend ses occupations. À savoir manger tous les fruits qui passent à sa portée, bombardant le sol de coquilles vides. Voire une ou deux feuilles appétissantes. Éventuellement un gros insecte qui a le malheur de se trouver là, ou quelques œufs dans un nid non gardé. Grâce à ses quatre longs membres qui semblent parfaitement interchangeables, elle se balance sereinement d’arbres en arbres, choisissant précautionneusement les branches à même de supporter son poids. Et finit par s’effacer à nouveau dans la verdure. Vous venez de faire la rencontre d’un orang-outan.

En trois jours, nous aurons l’incroyable chance de croiser la route de 32 d’entre eux (c’est assez énorme) ! Parfois une mère avec son petit, déjà aventureux, mais toujours prêt à se cramponner au torse maternel en cas de besoin. Parfois un énorme mâle avec sa face ronde et son goitre caractéristiques, paresseusement avachi sur une grosse branche ; mais néanmoins attentif, lâchant un grognement sourd si les intrus que nous sommes rentrons dans son périmètre de sécurité. Parfois quatre d’un coup, pour un sympathique pique-nique en famille. Difficile en tout cas de se lasser d’observer ses magnifiques « personnes de la forêt ».

En prime entre deux orangs-outans, plein d’autres bestioles sur notre chemin : les classiques macaques à longue queue, les si mignons langurs de Thomas (alias les « punky monkeys »), le chant lointain des gibbons (pas d’observation, dommage), le vol lourd des toucans au-dessus de nos têtes, et même l’étonnant écureuil géant loin dans la canopée, mais pour autant plutôt bien visible, nous laissant imaginer sa taille considérable…  

Trois jours plus tard, nous retrouvons la civilisation exténués et embaumants, mais avec des images plein la tête. Tirant sur l’orange.

10 Comments

  1. Jean-Marie Perrot

    Ah ben, c’est les images que j’attendais ! Tu nous mets l’eau à la bouche et puis rien !
    Attendons ! Bonne continuation…

    • Vadrouilleur

      Trop pressé ! Et puis c’est mieux au réveil ! :p Bon, je n’ai pas le meilleur appareil du monde pour la photographie animalière, mais ça permet un peu de se rendre compte tout de même…

  2. P'pa

    Bien chez elles ces « personnes de la forêt ». Va t’on les laisser suffisamment tranquilles chez elles ? Belle expérience. J’aime beaucoup aussi le figuier étrangleur.

    • Vadrouilleur

      Oui ils sont impressionnants les figuiers, on a pu voir tous les stades de la « vampirisation », le final est magique !
      Quant aux orangs-outans de Ketambe, ils semblent pour le moment relativement épargnés. Mais les plantations grignotent les parcs nationaux…

  3. Jean-Marie Perrot

    On a vu les mêmes en  » prison  » dans le zoo du Jardin des Plantes à Paris. Ceux que tu as vus semblaient heureux, certainement sans les tics de ceux qui n’ont que quelques m2 pour évoluer ! Ça doit être émouvant !

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