Du bonheur en barre

Chuile → Ghorepani – 5 h 30 de marche

Je ne sais pas vous, mais il n’y a finalement pas grand-chose qui m’apporte plus de plaisir qu’une bonne journée de marche dans des paysages de rêve. Je garde notamment de précieux souvenirs de mes deux mois sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, comme quoi il n’y a pas forcément besoin d’aller à l’autre bout du monde pour vivre l’aventure. Mais là je dois quand même dire que le Népal met la barre assez haute pour tous les amoureux de treks inoubliables.

Se réveiller au petit jour dans sa tea house à flanc de colline, après une bonne nuit blotti sous d’épaisses couvertures. Admirer un temps le panorama fantastique. Déguster un délicieux pancake à la banane accompagné d’un vivifiant thé au citron. Puis se mettre en route. Les cuisses sont raides de la veille, mais elles se délient à mesure que l’on grimpe. Un pas après l’autre. De temps en temps, se retourner pour contempler la vue. Plonger dans une épaisse forêt moussue, où l’on s’attend à voir surgir un dinosaure ayant miraculeusement survécu jusqu’à notre époque. À la place profiter du chant des oiseaux. Saluer d’un vigoureux « Namasté ! » les randonneurs qui croisent votre route. À l’occasion se lancer dans un brin de causette. Atteindre le sommet de la colline, et se pâmer devant les hauts sommets enneigés qui vous font face. Petite pause bien méritée. Redescendre jusque dans une combe délicieusement féérique. Traverser moult passerelles branlantes. Céder le passage à une troupe de mules lourdement chargées, dont les cloches s’entendent de loin. Grimper le long d’une étroite gorge, bercé par les clapotis du ru, qui saute de rochers en rochers. Trouver une tea house attrayante pour y savourer un thé réconfortant. Dévaler des milliers de marche jusqu’à la destination du jour, au milieu de centaines de rhododendrons en fleurs, fortement ému par tant de beauté. Poser son sac. Enlever ses chaussures. Se prélasser sous une bonne douche. Craquer sur une petite bière, à siroter en regardant le ballet des nuages. Se régaler d’un énorme dal bhat réconfortant. Se coucher avec les poules. Recommencer.