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D’un camp à l’autre

Machapuchare Base Camp ↔ Annapurna Base Camp – 3 h de marche A/R

Comme souvent, l’Histoire ne retient qu’un nom : celui de Maurice Herzog, qui avec une importante équipe française d’alpinistes professionnels, plus bien sûr toute une palanquée de porteurs népalais, est le premier à réussir l’ascension de l’Annapurna (8091 m), le 3 juin 1950. C’est d’ailleurs le premier sommet de plus de 8000 mètres conquis par l’homme ! Pour la peine, Maurice devra se faire amputer les orteils et les doigts, gelés durant l’expédition, ce qui ne fera que contribuer à sa célébrité par la suite. Bon, sauf que l’homme, charismatique, est aussi profondément mégalomane et antisémite (un proche de Le Pen père), potentiellement incestueux, et il n’est même pas dit qu’il ait réellement atteint le sommet. Détails tout ça, la France de l’après-guerre est fière de son héros national !

Aujourd’hui l’Annapurna demeure une montagne peu accessible, avec seulement quelques centaines d’expéditions réussies, et le plus haut taux de mortalité des 8000 (32%, contre 4% sur l’Everest). En ce qui concerne son camp de base en revanche, situé au pied de sa face sud à 4130 m, c’est devenu une autoroute. Pour ceux qui ont les moyens et la flemme, il est même possible de faire l’aller-retour en hélico (je pensais naïvement hier que l’appareil transportait continuellement des blessés, non en fait juste des touristes). Il y a d’ailleurs presque un côté irréel à parcourir au petit jour en solitaire les derniers kilomètres, dans un paysage grandiose et immaculé, entouré de géants de glace, pour finalement arriver devant une foule faisant la queue devant le panneau « Annapurna Base Camp » histoire d’alimenter son compte Instagram. Si je ne fais que m’extasier chaque jour un peu plus devant notre planète, j’ai de plus en plus de mal avec une bonne partie de l’humanité…

En montagne l’humilité est de mise. Et le sommet principal du massif de l’Annapurna, celui-là même que Maurice escalada (peut-être) 74 ans plus tôt, a pudiquement décidé de ne pas se dévoiler aujourd’hui. Nombreux étaient ceux à tirer une tronche de dix mètres de long. Ah bah c’était bien la peine de venir jusque-là tiens ! Que m’importe, tous les autres sommets des environs sont dégagés, dont le magnifique Machapuchare évoqué hier. Et lorsque le soleil a dépassé son sommet, inondant instantanément toute la vallée enneigée d’une incroyable lumière, je n’ai pu retenir mes larmes.

6 Comments

    • Vadrouilleur

      Non pas suivi celui-ci, il a pioncé tout le long de la séance photo de dizaines de touristes, se faisant caresser au passage, avant de se réveiller de sa sieste et poursuivre son chemin. Ils sont plus ou moins affiliés aux différentes tea houses du coin, mais en pratique ils vivent leur vie (vraie race locale adaptée à la montagne).

    • Vadrouilleur

      J’ai encore une chance dans quelques jours depuis Poon Hill, un célèbre panorama qui englobe plusieurs hauts sommets ! On croise les doigts.

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