Menu Fermer

Histoires de Marwar

Jodhpur

Visite aujourd’hui de la spectaculaire forteresse de Mehrangarh, demeure des Maharadjas de Marwar depuis 1459. C’est Rao Jodha qui pose les premières pierres au sommet de la colline dominant Jodhpur. Mais pour ce faire, il est contraint de déloger un ermite qui vivait là, le « Seigneur des oiseaux ». Forcément celui-ci n’est pas content, et maudit la forteresse à venir en déclarant qu’elle manquera toujours d’eau, un vrai problème dans une région désertique. Le Maharadja et sa cour sont bien embêtés. Les Brahmanes sont consultés, et ils sont formels : il faut un sacrifice pour apaiser les dieux. Un intrépide guerrier se porte volontaire : Rajaram Meghwal, qui sera donc emmuré vivant dans les fondations. Pour sa peine, il a eu droit à une plaque commémorative, et ses descendants sont toujours les bienvenus dans le coin.

Pendant longtemps, les Rajputs ont refusé l’usage des armes à feu, les qualifiant (à raison) d’armes de lâches. Et puis en 1527, la bataille de Khanwa oppose les troupes de Babur, le fondateur de l’Empire Moghol, à une coalition de Rajputs. Confiants dans leur force, comme à l’accoutumée, les Rajputs mènent une puissante charge de cavalerie. Et seront décimés en quelques minutes par l’artillerie adverse. Ils changèrent légèrement d’avis par la suite concernant l’usage de la poudre.

Le sati, ça vous parle ? Une sympathique coutume. Lorsqu’un seigneur de guerre meurt au combat (et, comme c’est étrange, cela arrive relativement souvent), une grande procession funéraire est organisée à travers la ville. Les veuves, de blanc vêtues, suivent en chantant, et offrent de riches présents aux temples et à la populace. Puis un grand bûcher est allumé, le défunt est placé au centre, et les veuves viennent dignement s’assoir à ses côtés, tandis que les flammes les enveloppent chaleureusement. Le dernier sati royal à Mehrangarh eut lieu en 1843. Les futures brûlées vives laissèrent à cette occasion les empreintes de leurs mains teintées de vermillon sur le linteau de l’ultime porte de la forteresse.

En 1925, la reine-mère de Marwar se rend en Angleterre à l’occasion d’une visite officielle. Celle-ci respecte scrupuleusement la coutume de modestie imposée aux femmes, et lors de ses déplacements, elle ne quitte sa Rolls-Royce que pour se glisser immédiatement dans un palanquin hermétiquement fermé. Cela intrigue beaucoup les Anglais, forcément, et les paparazzis de l’époque tentent par tous les moyens d’obtenir un cliché de la mystérieuse reine. Ils finissent par obtenir une cheville dénudée, qui fait la une d’un tabloïd. Scandale ! L’intégralité du tirage sera immédiatement achetée par la famille royale de Marwar. Ouf, l’honneur est sauf.  

L’actuel Maharadjah, Raj Singh II, va hériter du trône de son père à l’âge vénérable de 4 ans, en 1952. La cérémonie habituelle d’investiture a lieu, en présence de nombreux dignitaires aux moustaches imposantes, qui défilent devant le jeune seigneur pour offrir leurs présents. Et celui-ci va réagir de la plus belle et innocente des manières : offrir en retour à chaque nouveau hiérarque qui s’avance le présent qu’il vient de recevoir des mains du dignitaire précédent (bon il n’y a que le premier qui s’est fait avoir…). Geste naturel d’un enfant de 4 ans, ou grande sagesse d’un monarque éclairé ? En tout cas cela a fait mouche…

4 Comments

    • Vadrouilleur

      A l’origine c’est la couleur des Brahmanes, les maisons bleues étaient donc celles des membres de cette caste. Et puis ça plaisait aux touristes, donc le bleu s’est répandu…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *