Louxor (Rive gauche)
Il y a tout juste un an, je déchirais fébrilement l’emballage plastique qui te recouvrait. Tu étais là, dans ta boîte, à m’attendre patiemment. Tu sentais bon le plastique neuf. Je me suis bien sûr empressé de te recouvrir d’une solide coque de protection, un imprimé jungle qui te seyait à ravir. Je t’ai ensuite nourri de milliers d’ouvrages, dont des dizaines de massifs guides de voyage, et étant donné ta vaste contenance, tu n’as jamais rechigné à ingérer le tout. Puis puis nous sommes partis à l’assaut du vaste monde ! Où que j’aille, tu étais là, dans mon sac, prête à te rallumer à tout moment pour m’apporter les précisions qui me manquaient lors de telle ou telle visite. Le soir venu, je te consultais amoureusement, m’enivrant de toutes les merveilles qu’il me restait à découvrir, ébauchant ma route pour les jours, les semaines, les mois à venir. Lorsque j’ai lâchement abandonné mon vélo, tu t’es révélé plus précieuse encore, m’accompagnant durant de longues heures de bus ou de train. Quand rarement l’ennui se faisait sentir, tu m’as même offert quelques belles grilles de sudoku et une ou deux passionnantes parties d’échec.
Ce matin, comme à l’accoutumée, tu prenais place dans ma besace, entre gourde et lunettes de soleil. Et puis peut-être un choc plus violent que d’ordinaire, une faiblesse cachée, un vice de fabrication, on ne saura jamais. Toujours est-il que lorsque j’ai voulu te faire prendre l’air pour m’apporter quelques précisions sur la sublime tombe que j’étais en train de visiter, ton délicat écran à cristaux liquides s’était transformé en un superbe mais inutilisable kaléidoscope, une bouillie de pixels. Ma détresse fût immédiate et terrible. Je tentais diverses manœuvre, extinction, rallumage, en vain. Même si ton petit cœur de silicium battait encore passionnément, tu étais désormais devenue aussi utile qu’une paire de chaussures pour un cul-de-jatte. Il est donc temps de te dire adieu, ma belle et fidèle liseuse, je vais laisser ta batterie se vider tout doucement, puis tu pourras rejoindre le paradis des objets électroniques partis avant l’heure. Et Dieu sait que vous êtes nombreux là-haut !






















En fait, ils n’avaient rien à foutre les égyptiens. Faire une telle quantité de temples, statues gigantesques, pyramides, fresques… ça les occupait. Nous on fait des sudoku, eux ils ne connaissaient pas, donc ils se sont plutôt mis à la statuaire gigantesque. Chacun ses hobbys.
Voilà, chacun son petit passe-temps… Bon il y en avait sans doute quand même quelques-uns qui glandaient devant la téloche…