Sharm El-Sheikh
À la surface, les bleus dominent, ceux du ciel et de la mer. Plus la mince bande ocre du désert. Mais sous l’eau, c’est une explosion de couleurs. Recouvrant les lagons ou étagés le long de tombants vertigineux, les coraux sont un régal pour les yeux. Branches, bulbes, salades, cervelles, tables, durs ou mous, les formes et les variétés sont légions. Et s’ils nous fascinent, ils sont avant tout indispensables à des centaines d’espèces de poissons, comme refuge ou source de nourriture.
Impossibles à dénombrer, à chaque plongée ce sont des dizaines de milliers de petits poissons qui évoluent gracieusement sous notre nez. Longs d’un centimètre ou d’une cinquantaine, ils sont ici tous incroyablement colorés, semblant parfois avoir été peints par un artiste dérangé. Tantôt curieux, tantôt craintifs, ils forment parfois un mur vivant qui s’entrouvre comme par magie à notre passage, pour se refermer derrière nous.
Mais le plongeur chevronné est exigeant, et s’il apprécie contempler le menu fretin, il espère toujours enrichir son « tableau de chasse ». Célèbre poisson-clown (les « Némos ») vivant en symbiose avec leur anémone. Baliste anguleuse et bariolée défendant son territoire. Impressionnante murène cachée dans son repaire. Massif napoléon bossu, l’empereur du récif (qui a l’étonnante particularité de commencer sa vie en tant que femelle, et de la terminer en tant que mâle). Le minuscule poisson-grenouille ou l’étrange nudibranche, pour les observateurs attentifs. Les venimeux (pas touche !) : gracieux et invasif poisson-lion, poisson-pierre au mimétisme parfait, et raie pastenague à points bleus flashy. Les prédateurs qui apparaissent et disparaissent dans le bleu, en prélevant au passage leur repas : thon, carangue, barracuda (j’ai plus d’appétit). Et enfin le top 3 : tortue, grande raie, requin. Avec évidemment une hiérarchie. Un requin à pointes noires c’est sympa, mais un requin-marteau c’est mieux. Bien sûr le requin-baleine règne en roi chez les amateurs de poissons, à égalité avec la raie manta. Face à ces deux créatures légendaires gigantesques (et végétariennes), le plongeur apprend l’humilité. Et a de belles histoires à raconter à ses petits-enfants.
Pour l’instant, si les plongées sont superbes, la mer Rouge n’a pas été très prolixe en grosses bestioles. Mais ça va venir. Ce n’est qu’une question de chance. Et de persévérance.
