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Balades lettones

Riga

Nous commençons par deux jours dans la superbe capitale. Un bon point de départ : la Maison des Têtes noires, célèbre bâtiment médiéval abritant une puissante confrérie marchande. L’endroit faisait office de résidence provisoire pour marchands célibataires de passage, et fut donc pendant des siècles un haut lieu de débauche. Deux sympathiques anecdotes : même si la légende est contestée, il semblerait que la tradition du sapin de Noël vienne d’une bande de marchands avinés de Riga qui, le soir du 24 décembre 1510, allèrent couper un conifère dans une forêt voisine, le ramenèrent devant les Têtes noires, le décorèrent de divers colifichets, puis transformèrent le tout en un brasier géant. La tradition est restée, sans la partie feu de joie heureusement. Et par ailleurs, l’actuel bâtiment date en fait de… 1999, puisque l’original a été détruit par les nazis en 41, et achevé par les soviétiques en 48. Coup de bol, on a conservé les plans, et tout fut reconstruit à l’identique après l’indépendance du pays !

L’ensemble de la vieille ville est superbe : étroites ruelles pavées, églises et cathédrales aux clochers à bulbes, tourelles de contes de fées (très artistiques mais peu utiles), façades ouvragées, placettes couvertes de terrasses de cafés, et deux sculptures de chats arqués sur le toit d’une maison, devenus les symboles instagramables de la ville. À l’image de Tallinn, beaucoup de touristes, souvent en groupe, le prix à payer.

La zone historique est délimitée d’un côté par la Daugava, large fleuve qui va se jeter dans la Baltique quelques kilomètres plus loin ; et de l’autre par un canal traversant toute une série de parcs paisibles et fleuris. Avec leurs lots de moineaux / pigeons / corbeaux / canards / goélands, les espèces à plumes ne manquent pas dans le coin !

De l’autre côté de la barrière de verdure, débute la ville « moderne », avec quelques énormes centres commerciaux sans grand intérêt, quelques boulevards rugissants, et surtout le véritablement spectaculaire quartier Art nouveau : de 1900 à 1912, la capitale va être littéralement couverte de ces édifices au style inimitable. Les façades foisonnent de décorations en tout genre, motifs géométriques, objets du quotidien, animaux, végétaux, visages grotesques et grimaçants, chaque bâtiment est une véritable œuvre d’art.

Et puisqu’on n’en avait toujours pas assez, petit tour au marché central, nettement plus marrant qu’un centre commercial aseptisé, où sous quatre gigantesques halls vous pouvez trouver absolument tout, du hareng séché à la robe à paillettes made in China. Enfin une balade du côté de Kīpsala, une île sur la Daugava en pleine gentrification, où les antiques maisons en bois des pêcheurs disparus sont retapées par des bobos en quête « d’authenticité » (et d’une vue imprenable sur la vieille ville juste en face).

Il fait beau et chaud, la bière locale est bonne, les glaces à l’avenant, la vie est paisible pour les visiteurs de passage. Allons voir un peu plus loin.

Riga → Jūrmala – 30 min de train

Le train letton est old school, passablement lent, mais il arrive et part à l’heure. En prime il est incroyablement bon marché. Les deux derniers points font rêver les Français que nous sommes… Un petit coup de train donc, et nous voilà à Jūrmala, THE station balnéaire lettonne, fort sympathique au demeurant. Une longue rue piétonne bordée de boutiques et de restaurants. Classique. Sauf qu’ici la plupart des maisons sont en bois, et que la végétation est omniprésente, pas une grosse différence avec la forêt voisine. Une rue parallèle toute aussi longue bordée de riches maisons de vacances, toujours en bois, la plupart vieilles de plus d’un siècle. Tout de même quelques maisons délabrées ou en cours de rénovation, la station ayant été à son apogée entre les deux guerres. Une dune, couverte de forêt bien sûr (de toute façon, sauf mention contraire, partez du principe qu’il y a de la forêt partout…). Et enfin la superbe plage, large, à la fois sauvage et excellemment bien aménagée (douches, toilettes, quelques bars-restaurants, et même des bancs sur le sable !). Plutôt très calme, ce qui ne gâche rien (sauf si bien sûr vous adorez être collés à vos voisins de serviette). La Baltique est quand même bien fraîche, seuls les pieds y pénètreront.

Jūrmala → (Riga) → Sigulda – 1h45 de train

Direction cette fois l’intérieur des terres, avec la petite ville de Sigulda, le long de la Gauja, un autre fleuve qui a creusé un beau sillon à travers une grosse partie de la Lettonie, protégé ici par un parc national. De part et d’autre de l’eau, châteaux et manoirs, en plus ou moins bon état. Les plus anciens datent du XIIIème siècle, à la grande époque de la Confédération livonienne (cf. cours d’histoire). Si un téléphérique permet d’enjamber la large vallée, nous prenons évidemment l’option chaussures de rando. Avec quelques litres de sueur à la clé, puisqu’il fait toujours beau et particulièrement chaud. En tout cas le coin est superbe, je n’avais plus vraiment vu de relief depuis la Norvège… À noter la présence d’une petite grotte accompagnée de la légende tragique (censément réelle) de la Rose de Turaida, une jeune fille ayant préféré la mort au déshonneur. Bien dommage de ne pas avoir d’autres alternatives… Nous croisons par ailleurs quatre noces sur notre route, à la limite de l’embouteillage, le coin semble faire rêver les mariées.

Sigulda → Cēsis → Sigulda – 1h30 de train pour l’A/R

Toujours plus à l’est, Cēsis, nouveau village, nouveau château, lui aussi du XIIIème siècle, assez bien restauré. Une partie de la visite se fait à la lumière d’une simple bougie dans une lanterne, comme à l’époque. Eh bien ils devaient souvent louper des marches… Le village est plutôt mignon, même s’il présente d’importants signes d’exode rural, mal très répandu dans la région j’ai l’impression. Ce qui n’empêche pas les mariées de venir s’y faire photographier : quatre noces de plus, nous serons donc présents sur huit albums de mariage, joli score.

Sigulda → Riga – 1h15 de train

Ultime étape dans la capitale, à nouveau dans le même superbe hôtel de luxe, c’est qu’on s’habitue vite à ces machins-là… Nous avons malheureusement loupé l’anniversaire de la ville la veille au soir, avec concerts et feu d’artifice, tant pis, prochaine fois. Dernières vadrouilles, les rues commencent à paraître délicieusement familières. Un musée ? Bof, les plus réputés traitent de guerres, de déportations, de tortures, de barricades, toute l’histoire tragique d’un pays martyr qui ne connaît la paix et la liberté que depuis 30 ans. Nous n’avons pas vraiment l’esprit à ça. Non on va plutôt aller profiter encore un peu du spa…

Riga → Vecumnieki – 55 km

Une semaine, ça passe vite : il est déjà l’heure de remonter dans un avion pour l’une, et de reprendre la route pour l’autre. Petite étape, faut pas pousser non plus… Demain, la Lituanie !

Pour les photos de la semaine dernière, encore un peu de patience, les journées ne font que 24h…

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