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Îlot perdu

Kiruna

Étrange périple que ces 15 heures de train de nuit, passées dans un wagon « classique » de 2nde classe (les couchettes sont réservées très longtemps à l’avance). Presque irréel. Rapidement, la capitale cède la place à la forêt, qui ne sera guère interrompue que par quelques petites villes le long du golfe de Botnie, juste un court arrêt pour laisser monter ou descendre un unique passager. À l’occasion, un lac. Ou une imposante usine d’on ne sait quoi, qui continue de fonctionner à la lumière des projecteurs. Vers 23h, le crépuscule s’installe. Attendre l’obscurité totale, qui ne semble pas vouloir venir. Et puis vers 1h, une bande lumineuse commence à apparaître à l’est, un nouveau jour se lève. Tenter malgré tout de dormir, trouver la position la moins inconfortable, fermer les yeux quelques instants. À 5h, une surprise : un changement de train, même numéro de wagon, même place, quai d’en face. Émerger groggy dans la fraîcheur matinale, achever de se réveiller. Se réinstaller docilement, ne pas chercher à comprendre. Et puis continuer à somnoler devant ce vert ininterrompu, espérer repérer un élan dans la futaie, y croire un instant, finalement non, ce n’était qu’une souche morte. Traverser le cercle polaire sans le réaliser, la beauté des lignes imaginaires. Au-delà, la forêt s’éclaircit, les arbres rapetissent, la toundra commence à apparaître. Enfin débarquer à Kiruna, sous un ciel de plomb, qui s’accorde parfaitement avec l’immensité du paysage.

Pour tomber sur la plus grande mine de fer au monde, exploitée depuis la fin du XIXème après la découverte d’un énorme gisement d’une qualité exceptionnelle (oui c’est un peu le principe en Arctique, on construit rarement des villes pour le plaisir, il y a souvent une bonne raison à l’origine). Sous nos pieds, de gigantesques machines continuent inlassablement de creuser, à près de 2 000 mètres de profondeur. Plus d’un milliard de tonnes ont déjà été extraites. Sauf que la ville entière menace désormais de s’effondrer, avalée par la terre. Arrêter l’exploitation ? Ce serait dommage, on est chaud là… Non, on va plutôt déménager la ville quelques kilomètres plus loin. C’est toujours en cours, aux frais de la compagnie minière. Sans doute une bagatelle par rapport aux profits encore à venir. Les gens ? Quoi les gens ? Ça va, on les exploite leur fournit un travail, et on leur offre un nouvel appartement tout moche neuf, ils ne vont quand même pas se plaindre !

Enfin moi ce que je suis surtout venu chercher, ce sont des grands espaces. Alors sitôt débarqué du train, me voici en quête d’une colline à escalader, pour voir ce qui se cache derrière. Côté mine, une montagne de résidus, une petite ville à ses pieds. Partout ailleurs, rien. Des étendues sauvages, à perte du vue, d’un vert éclatant quelques mois par an, d’un blanc immaculé le reste du temps. Difficile de repérer une quelconque présence humaine (à part malheureusement quelques poteaux électriques…). Ainsi comme attendu j’ai bien retrouvé la civilisation dans le nord, mais sous la forme d’un îlot perdu dans l’immensité. J’aime bien.

5 Comments

  1. P'pa

    Franchir le cercle polaire pour aller voir un renard ! A Epertully, ils traversent la rue tous les soirs. A moins qu’on ait sus les yeux un renard polaire ? Mais là, je suis bien incapable de le dire.
    A part ça, je crois que ces grandes étendues me plairaient bien.

      • Vadrouilleur

        Je viens de regarder sur Wiki, apparemment les deux espèces ne peuvent pas vraiment cohabiter, le renard roux est plus imposant et agressif… Bon ça ne règle pas la question cela dit !

  2. Perrot Isabelle

    Je viens de chercher Kiruna sur internet… 10 ° à cette heure-ci ( 7h40). Tu as bien calculé avec la météo !

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