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Remise en jambes

Katoomba

À l’issue de chaque saison de Vadrouilles, je suis affûté comme jamais, prêt à enchaîner 50 km à cloche-pied en portant un âne / un yak / un lama sur les épaules. Puis deux mois de sédentarisation passent ensuite par là, quelques kilos supplémentaires, et voici votre serviteur bouffi contraint à repartir (presque) de zéro. Or quoi de mieux pour une remise en jambes que quatre journées de balades / randonnées / treks hardcores (perception selon votre propre niveau de forme) dans les spectaculaires Blue Mountains ?

Petite remarque en passant : dans de nombreux pays, on ne marche que si on n’a pas d’autres choix, faute de moyens suffisants pour s’offrir une voiture / un scooter / un vélo / voire un ticket de bus. Il n’y a guère que dans quelques pays riches que l’on se permet de considérer massivement la marche comme un loisir, une « reconnexion de l’homme avec la nature », et la possibilité au passage de se dessiner une belle paire de fesses. En conséquence, seuls ces pays offrent gratuitement des « sentiers de randonnée », créés et entretenus avec nos impôts. Ailleurs, on trouve des routes ou des pistes, qu’il est bien sûr possible d’arpenter à pied, mais avec un plaisir plus restreint, plus bien sûr le risque de se prendre une bagnole dans la tronche. Ou encore des « réserves naturelles » privées, payantes, munies de deux-trois sentiers en boucle dépassant rarement quelques kilomètres. Souvent frustrant.

Ainsi donc, me voici présentement dans un pays riche, où mes douze jours de vadrouilles vont légèrement grever mon budget. Mais au moins, je peux me régaler de randonnées toutes plus spectaculaires les unes que les autres. Variées, entretenues, balisées… Si j’étais un peu plus joueur (et pas un voyageur solo), j’aurais même pu me laisser tenter par un trek de plusieurs jours dans le bush, car la généreuse Australie met aussi à disposition de nombreux campsites avec abris, eau (non potable, faut pas pousser, mais rien qu’un bon filtre ne saurait pas traiter), et même des toilettes sèches, à distance raisonnable du camp.

Ce qui est parfois assez drôle, c’est que le gouvernement australien semble avoir fait sien l’adage « mieux vaut prévenir… » : au départ de chaque sentier, les mises en garde sont nombreuses, et parfois un peu stressantes. !! Attention, vous allez quitter le confort de la civilisation : le bush est sauvage, rude, dangereux, il ne souhaite que votre mort !! Pensez à rédiger votre testament avant d’entreprendre cette périlleuse expédition. Vous devez absolument prendre avec vous eau, nourriture, nécessaire de secours, couverture de survie, balise GPS, lampe manuelle puissante, fusée de détresse, 50 m de corde, fusil de chasse avec cartouchière… Alors certes, une rencontre avec un serpent ou un ravin peut toujours potentiellement mal tourner. Mais on a parfois l’impression d’un excès de zèle. Ou alors, les parcs nationaux se sont déjà retrouvés avec des procès aux fesses, à l’anglo-saxonne : un citadin revanchard ayant lourdement chuté peut engager des poursuites car « il n’est nulle part mentionné que le sentier peut contenir des cailloux susceptibles de perturber la locomotion. »

Personnellement, rien qu’aujourd’hui, je me suis violemment tordu la cheville, j’ai dû traverser quelques glissements de terrain guère stabilisés, j’ai escaladé un empilement d’énormes rochers (même si j’ai dû renoncer avant le sommet, je connais mes limites, et j’étais alors absolument seul au monde), et j’ai croisé la route d’un serpent mortel (enfin peut-être mortel, disons qu’ici il y a une chance sur deux)… Bref, je me suis éclaté ! C’est ce que j’appelle une bonne remise en jambes.

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