Trinidad
La Villa de la Santisima Trinidad, fondée en 1514, fait partie des toutes premières colonies espagnoles de l’île. Mais quand Cortés embarque pour le Mexique quatre ans plus tard (oui oui, on parle bien de celui qui a massacré les Aztèques), il passe dans le coin recruter tous ceux qui savent tenir un fusil, promettant des montagnes d’or (ou la mort des mains d’indigènes revêches). Et Trinidad s’endort d’un long sommeil !
Dont elle ne sort qu’au tout début du XIXème siècle, lorsqu’une bande de cultivateurs de canne français débarquent d’Haïti, et se mettent à construire (du moins leurs esclaves) tout un tas de moulins dans la Valle de los Ingenios voisine. En 1850, un tiers du sucre cubain provient de cette vallée ! Et pour rappel, Cuba est alors le premier exportateur mondial… Autant vous dire que ça brasse du pesos à Trinidad, et les nobles demeures poussent comme des champignons. Le commerce « triangulaire » est alors florissant : un brave marchand européen se rend dans le golfe de Guinée, les cales de son navire pleines d’armes et de verroterie ; il en repart chargé d’une précieuse cargaison humaine, direction les Antilles ; il échange ensuite esclaves contre sucre, tabac, coton, ce qu’il trouve de plus rentable en somme ; et retour en Europe, pour se dégager une sympathique plus-value. À la grande époque, près de 15 000 esclaves travaillent la canne dans cette belle vallée, surplombée par l’imposant massif de l’Escambray. Pas sûr qu’ils appréciaient le paysage cela dit.
Et puis la ville va se rendormir brutalement : durant les guerres d’indépendance de la fin du XIXème, qui aboutiront notamment à la fin de l’esclavage (enfin !), le conflit est brutal dans la région, et de nombreuses plantations disparaissent dans les flammes vengeresses. La canne se délocalise alors du côté de Cienfuegos ou de Matanzas (oui car la fin de la domination espagnole n’a pas pour autant mis fin à la culture la plus rentable de l’île…), et le temps s’arrête à nouveau à Trinidad.
Ce qui arrange bien les touristes qui débarquent ici par milliers depuis les années 1950, en quête d’un Cuba historique idéalisé. C’est Batista qui le premier fera la promotion de la ville, puis l’UNESCO la consacrera en 1988. Alors la vieille Trinidad est effectivement photogénique en diable, mais pour ce qui est de l’authenticité, il faut passer son chemin. Ou du moins quitter le centre historique, où se concentrent visages pâles et bonimenteurs. Une petite grimpette, et hop, une cascade rafraîchissante, un incroyable panorama sur la Valle de los Ingenios, où encore l’une des plus délicieuses plages de l’île quelques kilomètres en contrebas. Si l’on se posait toujours des questions sur la beauté de Cuba, on trouve ici quelques réponses.

Hello Toc, j’ai repris la lecture de ton journal de voyage (en tout cas celle que tu partages avec ce blog et qui fait nos délices) depuis la fin du Mexique, et je dois dire que cette étape à Trinidad est sans doute la plus frustrante étant donné la faible possibilité de joindre des photos (plage, vestiges historiques d’un autre temps, cascade), bref, j’espère que les yeux et le coeur sont remplis et que tu profites…
Hey hello Master, ça fait plaisir de retrouver un lecteur ! Bon moi aussi ça me frustre beaucoup de ne pas pouvoir partager de photos, mais on va dire que c’est en soutien au peuple cubain, vous êtes privés d’images, eux sont privés de tout… :'( De toute façon la cascade était mignonne mais sans plus (depuis Iguazu j’ai du mal a être impressionné par une chute d’eau 🙂 ), et la plage je n’y suis pas allé (je vais en enchaîner deux-trois classieuses d’ici la fin de Cuba). Par contre des vieilles maisons coloniales dans leur jus, ça oui il y en a des belles ! 🙂 Tu n’as plus qu’à aller visiter ce pays, qui je suis sûr enchanterait l’historien hédoniste que tu es. :p