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¡Hasta la victoria siempre!

Camagüey → Santa Clara – 6 h de bus

Peu de gens dans le monde peuvent se targuer d’orner autant de produits dérivés que le plus célèbre des médecins argentins, Ernesto « Che »Guevara. Je voulais écrire « le plus célèbre des argentins » tout court, mais j’imagine que finalement plus de gens connaissent Maradona ou Messi…

Le jeune Ernesto naît en 1928 à Rosario (ah bah tiens, comme Messi) au sein d’une famille bourgeoise. Son enfance est rapidement marquée par de violentes crises d’asthme, qui vont contribuer à forger son caractère de battant. Il devient notamment rugbymen de haut niveau en dépit de sa maladie ! Élève brillant, il suit des études de médecine à Buenos Aires, et projette de se marier avec une fille de la haute société argentine. L’histoire aurait plus ou moins pu s’arrêter là : un cabinet de renom, des enfants, une vie simple et toute tracée, à l’abri du besoin. Mais Ernesto sent que là n’est pas son destin.

Il décide en 1951 de faire un break dans ses études et de partir explorer l’Amérique du Sud à moto en compagnie de son pote de toujours, Alberto Granado : Chili, Pérou, Colombie, Venezuela, ils découvrent l’extrême misère et les criantes inégalités qui caractérisent le continent dans les années 50. Affligé par l’impuissance des masses, et influencé par ses lectures marxistes, Ernesto en vient à penser que seule la révolution armée peut remédier aux inégalités sociales. Non aux demi-mesures !Il rentre en Argentine et se dépêche de terminer ses études, avant de repartir en vadrouille fin 1953. Direction cette fois le Guatemala.

Souvenez-vous, ce pays est alors dirigé par le socialiste Jacobo Arbenz, qui est en train d’entreprendre une vaste réforme agraire afin de nationaliser certaines des terres de la puissante United Fruit Company étasunienne. Jusqu’à ce que la CIA se décide à renverser Arbenz par un coup d’état militaire. Ce qui bien sûr ne fait que renforcer les convictions du Che (il gagne ce petit surnom à l’occasion de ce voyage au Guatemala, « che » étant simplement une interjection fréquemment utilisée par les Argentins de sa région natale, et particulièrement par Ernesto pour ponctuer ses fins de phrases), et implanter chez lui une haine farouche de l’impérialisme étasunien. Déporté au Mexique, sa route croise alors celle de Raúl Castro, qui lui présente son charismatique frangin lorsque celui-ci débarque à son tour à Mexico en 1955 après sa courte peine de prison.

La rencontre des deux hommes est de celles qui changent le cours de l’histoire : Fidel trouve en El Che l’idéologue réfléchi nécessaire à son mouvement ; et El Che trouve en Fidel le bouillant leader révolutionnaire dont le continent a désespérément besoin. Ils repartent à Cuba bras dessus, bras dessous, pour enfin libérer le pays de la dictature. Bon je vous passe pour le moment les années de la révolution cubaine, vous y aurez droit dans un article détaillé. Mais c’est dans les montagnes de la Sierra Maestra, juste à l’ouest de Santiago, qu’Ernesto troque son costume de médecin pour celui de guérillero, et gagne rapidement ses galons de Comandante. Une ultime bataille en 1959 à Santa Clara, où El Che réussit à s’emparer d’un train blindé, permet à Fidel de prendre les rênes du pays. Il naturalise son compadre et le nomme président de la Banque Centrale, puis ministre de l’Industrie en 1961. C’est pendant cette période au début des années 60 que le Che devient mondialement célèbre pour ses discours enflammés contre la politique étrangère des États-Unis… Il finit d’ailleurs par mettre l’URSS dans le même panier : blocs de l’Est ou de l’Ouest, ils cherchent dans tous les cas à dominer les états de l’hémisphère sud… Et puis en 1965, il disparaît soudainement des radars.

Une part de mystère demeure sur cette disparition médiatique, volontaire ou non. Fidel publiera une lettre non datée du Che, qui lui annonce qu’il démissionne de toutes ses responsabilités à Cuba, et part mener la révolution ailleurs dans le monde. Lettre qui contient justement cette fameuse maxime « ¡Hasta la victoria siempre! » On retrouve alors l’iconique personnage au Congo, qu’il estime mûr pour une révolution ; mais Ernesto ne s’avère pas vraiment satisfait de la trempe de ses nouveaux guérilleros, et renonce au bout de 6 mois. Ne pouvant décemment retourner à Cuba, il opte pour la Bolivie, alors sous le joug d’une dictature militaire avec l’aval étasunien. Il monte un camp dans la jungle, et recommence ce qu’il sait désormais plutôt bien faire : la guérilla. Mais cette fois-ci, cela tourne rapidement au drame. Il est capturé par l’armée bolivienne (assistée par la CIA) le 8 octobre 1968, et exécuté sommairement le lendemain matin, les Américains ne voulant pas prendre le risque de la médiatisation d’un procès public.

En 1997, sa dépouille est exhumée d’une fosse commune, et rapatriée à Cuba. Le révolutionnaire le plus célèbre du monde repose désormais dans un mausolée à Santa Clara. Contrairement à Fidel, il n’a pas pu exprimer de dernières volontés concernant sa tombe. Lui a donc eu droit à une statue gigantesque… Pas sûr qu’il aurait apprécié. ¡Hasta la victoria siempre!

6 Comments

    • Vadrouilleur

      On ne parle pas politique avec les Cubains. Du moins pas politique intérieure, car ils ne se privent pas de parler politique internationale… :p

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