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Des églises et des pots, pourquoi pas

Camagüey

Me voici désormais dans la troisième ville du pays, Camagüey, chef-lieu d’une des provinces plus centrales de l’île, où les gens aiment à se démarquer des deux pôles occidentaux et orientaux que sont La Havane et Santiago. Une région historique d’éleveurs de bétail, moins dépendants de l’esclavage que les cultivateurs de canne, et qui se sont donc avérés plus prompts à vouloir renverser tout le système. Peut-être pour ça que la ville a donné naissance au XIXème à Ignacio Agromonte, l’un des héros de la guerre d’indépendance aux côtés de Céspedes, avec lequel il était en profond désaccord sur la forme que devrait prendre le futur état cubain (le premier était partisan d’un régime parlementaire, tandis que le second prônait une présidence forte). Brillant chef de guerre, Agromonte remporta de nombreuses batailles contre l’ennemi espagnol, avant de se prendre une balle perdue en pleine tête. Les risques du métier.

Camagüey aujourd’hui est une charmante ville où il fait bon se perdre un jour ou deux. Je dis se perdre, car contrairement à bon nombre des ses consœurs américaines, et malgré une extrême platitude de la région, elle n’a pas complètement adopté le plan en damier classique et ennuyeux caractéristique du continent, lui préférant d’étonnantes rues courbes pour mieux désorienter les corsaires dont elle était une fréquente victime. La ville offre à ses visiteurs de belles façades coloniales peintes de couleurs pastels, des placettes ombragées sur lesquelles on tombe sans crier gare, et tout un tas d’églises de formes diverses, Camagüey la pieuse étant la capitale du catholicisme cubain, Jean-Paul II lui accordant même l’honneur d’une visite en 1998. Mais c’est aussi une ville d’artistes, où de nombreux artisans de talent exposent d’incroyables œuvres dans des ateliers-galeries ne payant guère de mine (même si les prix correspondent bien finalement à la grande qualité des sculptures et peintures, pas fous non plus ces Cubains). Dernière petite particularité étonnante : fréquemment sujette à de longues périodes de sécheresse, Camagüey a longtemps utilisé d’énormes pots de terre cuite pour collecter l’eau de pluie. S’ils sont désormais obsolètes (le plastique c’est fantastique), on les retrouve désormais en ornement un peu partout en ville. De toute façon aujourd’hui, c’est surtout l’électricité qui manque (seulement 3 heures par jour en ce moment), moins facile à stocker.

Un étape agréable, un peu plus éloignée des circuits touristiques. Généralement cette caractéristique est suffisante pour me faire apprécier un endroit. Allez, poursuivons vers l’ouest.

Note : je galère toujours à uploader mes photos, partez du principe que leur nombre sera limité pour tout mon séjour à Cuba…

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