Second jet

Matanzas → Santiago de Cuba – 17 h 15 de bus (eh oui quand même)

Je me rends compte avec le recul que j’ai dressé un premier portrait de Cuba somme tout assez peu flatteur. Pas facile aussi de déborder d’enthousiasme en sortant d’une nuit blanche. Mais après un bon repos réparateur et un dimanche ensoleillé à parcourir à nouveau la ville, je vais tâcher de rectifier un peu le tir. Je m’en voudrais de faire fuir de potentiels touristes dont le pays a atrocement besoin.

J’ai évoqué des Cubains minces. J’aurais plutôt dû dire : les gens sont beaux, racés, élégants, et paraissent finalement en bien meilleure santé que leurs voisins. Les chiffres parlent : ils ont une plus grande espérance de vie que les étasuniens. Par ailleurs, puisque les coupures d’électricité sont malheureusement fréquentes (de ce que j’ai compris, on est en moyenne sur une alternance 3 h avec / 5 h sans), et que le réseau de téléphonie mobile n’est pas vraiment folichon (sachant que tout le monde n’a pas de portable, loin s’en faut), les gens sortent de chez eux, et communiquent ! Si si je vous jure, c’est devenu rare par chez nous, mais il faut croire que c’est encore possible.

Le dimanche semble plutôt sacré ici, et dédié au repos, à la promenade, à la famille, aux amitiés. On écoute de la musique (je n’ai pas encore vu de musiciens…), on joue au base-ball (oui vous savez tout mon amour pour ce sport, mais bon, si ça les amuse), on chante, on picole, on fume (on peut croiser régulièrement un petit vieux avec un gros cigare au bec). En tant qu’étranger, on ne passe forcément pas inaperçu. Il y a quelques solliciteurs bien sûr (comme évoqué hier, on est plus sur de l’« échange de services », je pense que la mendicité n’est vraiment pas bien vue), mais aussi des conversations plus spontanées (en prenant une photo de voiture tout à l’heure, j’ai eu droit à tout un discours sur un bolide de 1951 en parfait état).

En vrac quelques autres faits amusants. Une unique compagnie de bus permet aux touristes de se déplacer d’une ville à l’autre sur l’île (sinon c’est taxi, ou taxi collectif). Possibilité d’acheter son ticket en ligne ou en officine, jusque-là on est sur du classique. Mais petite particularité : il faut ensuite arriver suffisamment tôt (une heure avant recommandée) pour effectuer son enregistrement (oui comme à l’aéroport), sinon ils refilent ta place à quelqu’un d’autre, après tout si tu n’es pas là, c’est que tu ne voulais pas vraiment faire ce trajet !

Niveau argent, les choses se sont un peu simplifiées récemment, puisque depuis 2019 il n’y a plus qu’une seule monnaie en circulation, le peso cubain (avant les touristes pouvaient uniquement payer en « peso convertible »). Sauf que le taux de change de cette devise est grandement fluctuant. Le taux officiel pour le reste du monde est d’environ 27 pesos pour 1 euro. Mais sur place, dans les officines de change gouvernementales, on est à 137 pour 1. Là on se dit chouette, de belles économies en perspective ! Puis à l’occasion, on demande dans le restaurant où l’on mange s’ils ne veulent pas acheter quelques euros. Oh mais bien sûr ! Taux : 320 pour 1 ! Jackpot ? Finalement, on en discute un peu plus dans la casa particular où l’on loge (depuis une grosse dizaine d’années, les Cubains ont le droit d’héberger des étrangers chez eux, ce qui a été une énorme aubaine aussi bien pour eux que pour les touristes, les hôtels étant souvent très chers – et pas terribles), et on finit par changer ses euros à un taux de 400 pour 1 !!! Or j’imagine que même à ce tarif ils y trouvent leur compte. Je pense être tout de même sur un plafond en tant que touriste, mais sait-on jamais… Conclusion du jour : laissez votre carte de débit à la maison, et ramenez des liasses d’euros !

Note : je suis dans le bus, les photos attendront… Par ailleurs, qui dit bus, dit gens qui ont un minimum les moyens. Qui dit gens qui ont un minimum les moyens, dit gens qui ont un portable. Qui dit gens qui ont un portable, dit TikTok & consort volume à fond dans tout le bus. Au moins, certaines choses ne changent pas…