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Dans quel état j’erre ?

San Pedro La Laguna

Alangui dans un hamac dominant un paysage de rêve, légèrement saoul, le vadrouilleur s’interroge : mais qu’est-ce que je fais là moi déjà ? Après plus de deux années à quadriller la planète à pied, à vélo ou en chicken bus, la question est à la fois légitime et incongrue.

Bien sûr j’adore ce que je fais, et je ne m’en lasse pas. Comment ne pas se sentir incroyablement vivant au sommet d’un volcan d’où il est possible d’embrasser du regard deux océans ? Comment ne pas exploser de joie en faisant des ronds dans l’eau avec un lion de mer curieux ? Comment ne pas mesurer l’incroyable chance d’être né au bon endroit en philosophant avec un chiffonnier nicaraguayen ? J’ai sans doute plus vécu en deux ans que beaucoup en une vie.

Mais quelle est la finalité de tout cela ? Les gens que j’aime et qui m’aiment sont à 10 000 kilomètres d’ici. Ne serais-je pas plus heureux à leur côté ? En deux ans j’ai vu des proches accomplir de brillantes réalisations professionnelles. J’ai vu des proches devenir (ou redevenir) parents. J’ai vu des proches mourir. J’ai vu des proches envier ma liberté. Aux dernières nouvelles, nous n’avons qu’une vie. Comment être sûr de vivre celle qui convient ? Sommes-nous seuls à décider de notre destin ? À quarante années passées, je n’ai pas de descendance, je n’ai guère fait preuve de patriotisme, je n’ai pas été vraiment utile à la société, je ne suis ni pauvre ni riche, je n’ai (je le crois) jamais fait le mal, mais pas vraiment le bien non plus autour de moi. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été hanté par ces questions sur le sens de la vie. J’ai longtemps cherché un mode d’emploi. Au mitan de mon existence, je ne suis pas plus fixé. Mais peut-on réellement l’être ?

Car j’ai finalement cette incroyable chance de pouvoir me poser ces questions. Pour beaucoup de mes collègues homo sapiens, la vie est juste un mauvais moment à passer, une lutte quotidienne entrecoupée de rares moments de joie. Pour ma part, j’ai eu cette chance de pouvoir décider d’en faire un long fleuve tranquille, sans doute égoïstement. Résultat : je me retrouve alangui dans un hamac, dominant un paysage de rêve, légèrement saoul, et je m’interroge sur ma présence en ces lieux. Bien malin qui saurait m’apporter une réponse…

8 Comments

  1. P'pa

    Pas de réponse à tes interrogations… ou alors bien cachées au fond de ton cerveau. Pas de finalité individuelle à notre présence sur cette planète à un endroit ou à un autre. Une finalité collective… peut-être. Bon voyage dans les méandres de tes pensées.

      • P'pa

        Le collectif n’est qu’une somme d’individualité qui n’en ont pas conscience. Trump est un cas à part, il n’a conscience de rien… mais il fait partie du collectif. Va falloir faire avec. Il a quand même 80 ans, ça ne devrait pas être trop long, même j’ai bien peur qu’on puisse encore trouver pire.

  2. Jean-Marie Perrot

    Ne paraphrases-tu pas le titre du tableau de Gauguin (un voyageur lui aussi) :  » D’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous ? « ….

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