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Un peu d’histoire mexicaine – suite et fin

Oaxaca → Puebla – 5 h de bus

Sur la route à nouveau. Au milieu des vastes étendues semi-désertiques du centre du Mexique. Propices à la méditation. Et aux leçons d’histoire.

Le PRI donc : un gouvernement révolutionnaire au pouvoir, incroyable ! Bon il y a bien quelques anicroches (300 000 morts) avec la frange la plus catholique de la population, qui prend les armes au cours la guerre des Cristeros entre 1926 et 1929. Mais dans l’ensemble, le Mexique va connaître une longue phase de progrès et de prospérité qui profite globalement à tous, même aux indigènes. Entre 1960 et 1980, le revenu moyen des Mexicains double, et les projections estiment qu’en continuant à ce rythme, il aurait eu tôt fait de rattraper celui des Européens. Car bien sûr, ça ne pouvait pas durer.

L’avantage d’un parti unique, c’est que faute d’alternance politique et de querelles de clocher, il est plus facile de se projeter sur le long terme et de ne pas être dans l’opportunisme ou la surenchère factice en permanence. Ce qui s’est passé durant les premières années du PRI. L’inconvénient, c’est que la confiscation du pouvoir par une minorité finit par donner de mauvaises habitudes à celle-ci. La corruption, par exemple, est une bien mauvaise habitude : on estime qu’elle pourrait représenter près de 10% du PIB… Aussi à partir des années 80, le Mexique est rattrapé par ses vieux démons, et le gouvernement décide de prendre un virage ultralibéral, à la mode de par le monde : réduction des subventions au secteur agricole, ouverture du commerce (donc augmentation des importations au détriment de la production locale), privatisation des entreprises publiques, abandon des politiques industrielles et de développement… Bizarrement, en une décennie, le niveau de vie de la population recule fortement. Fort heureusement, une minorité s’enrichit tout aussi fortement. Les vases communicants, un classique. En 1992, on modifie même à nouveau la Constitution pour pouvoir vendre les terres communales que la révolution avait conquis de haute lutte. Le début de la fin…

Car depuis, les choses ne vont pas vraiment aller en s’arrangeant. La fin du siècle voit la montée en puissance et l’arrivée au pouvoir des narcos. Bien sûr ils ne gouvernent pas directement, ils se contentent d’arroser copieusement les dirigeants en place. Dirigeants qui commencent d’ailleurs à alterner à partir de l’élection présidentielle de 2000, où le PRI perd pour la première fois depuis 70 ans, malgré des fraudes électorales massives. Et dirigeants qui tentent bien sûr de montrer qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour lutter contre le trafic et sa violence. La « guerre de la drogue » fera environ 400 000 morts entre 2006 et 2023. Pour des résultats quasi inexistants : si les homicides et les disparitions sont légèrement en baisse ces dernières années, on reste toujours sur des chiffres stratosphériques.

Petites précisions utiles : le Mexique n’est pas un producteur, la cocaïne est cultivée en Amérique du Sud (Pérou et Colombie principalement). Mais le pays partage une très longue frontière avec le plus gros toxicomane du monde, à savoir les États-Unis d’Amérique. Par ailleurs, étant donné la dégradation des conditions de vie depuis la libéralisation à outrance des années 80, il est plus facile pour un jeune de se tourner vers les gangs, qui proposent des salaires particulièrement attractifs. Selon Oxfam, en 2017, les 4 plus grandes fortunes mexicaines représentaient 9,5% du PIB de leur pays, contre 2% en 2002. Je vous laisse conclure à votre guise.

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