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Un peu d’histoire nicaraguayenne

Moyogalpa (Île d’Ometepe) → Granada – 1 h de bateau, 1 h 15 puis 30 min de bus

De retour sur le continent (encore que, étant sur une île au milieu d’un lac, avais-je réellement quitté le continent ?), et désormais dans la plus belle ville du pays, ancienne capitale à l’histoire mouvementée. Ah bah tiens, en parlant d’histoire…

Le premier Européen à fouler la région nicaraguayenne (côté Caraïbes) est ce bon vieux Colomb, en 1502. Il prend possession des lieux, au nom du roi d’Espagne. Bien sûr les locaux n’en ont cure. Ce n’est qu’une grosse vingtaine d’années plus tard que des expéditions aborderont la côte Pacifique, nettement plus intéressante : deux colonies sont fondées, Granada et Léon, sur les rives des deux principaux lacs. Guerres intestines entre espagnols, esclavage et maladies auront raison des indigènes en quelques décennies, j’ai envie de dire comme d’habitude. Contrairement au voisin costaricain dont tout le monde se moque, le Nicaragua est non seulement plutôt fertile, mais est aussi la principale voie de communication entre les Caraïbes et le Pacifique, celle-ci pouvant se faire presque intégralement sur l’eau grâce aux fleuves et aux lacs, pratique. La région se développe rapidement. C’est durant cette longue période coloniale qu’une puissante rivalité va démarrer entre les deux principales villes, Granada la conservatrice et Léon la libérale. Rivalité qui pèsera très longtemps sur la vie politique du Nicaragua, et même sur celle des états voisins.

Comme pour le Costa Rica, l’indépendance du Nicaragua se fait en plusieurs étapes : association avec un éphémère empire mexicain en 1821, puis regroupement des états centraméricains dans la « République fédérale d’Amérique centrale » en 1824, et enfin état souverain en 1838. Au début le pouvoir sera confié à un Directeur Suprême, un titre ma foi original. Errements de jeunesse, on reviendra assez vite à « président », une valeur sûre. Et histoire de mettre fin à la rivalité séculaire Léon-Granada, il est décidé de transférer la capitale à Managua, à mi-distance. Ce qui part d’une bonne intention. Mais ne suffit pas vraiment à mettre fin à une guerre civile profondément ancrée dans les mœurs. En gros, entre 1824 et 1858, le pays ne connaît que quelques rares moments de paix. Et ce sont finalement les conservateurs qui sortent plus ou moins vainqueurs du processus, puisqu’ils réussiront alors à accaparer le pouvoir pour 35 ans. À l’échelle d’un tout jeune pays, c’est long 35 ans.

Petite particularité amusante : la côte Caraïbe, une jungle impénétrable soumise aux typhons, infestée par la malaria et la fièvre jaune (un endroit charmant), était depuis quelques siècles entre les mains des Anglais, qui en avaient même fait une république fantoche, la « Côte des Moustiques ». En gros un repaire de pirates et d’indigènes rétifs. En 1860, l’Angleterre cale définitivement l’affaire, et cède de bonne grâce le territoire au Nicaragua, qui acquiert alors plus ou moins sa forme définitive.

Mais reprenons. Les libéraux profitent d’une querelle interne chez les conservateurs pour prendre le pouvoir en 1893. Modernisation du pays : nouvelles institutions, habeas corpus, école gratuite et obligatoire, créations d’infrastructures, laïcisation, confiscation des biens ecclésiastiques, dépénalisation de l’avortement… L’idée de créer un canal interocéanique est aussi en bonne voie, et intéresse les Allemands et les Japonais. Le pays devient soudainement le plus riche et prospère de la zone. Sauf que c’est un peu trop d’un coup en fait. Et que ça a l’heur de déplaire aux Américains, qui considèrent à l’époque que cette région du monde est leur chasse gardée (est-ce que ça a réellement changé ?). Alors ils se mettent à financer le parti conservateur, afin que celui-ci lance une contre-révolution pour destituer le pouvoir légitime en place. Fin de la parenthèse libérale…

Et fin de cette page d’histoire pour ce soir.

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