Minca → Parc National de Tayrona – Deux bus, une grosse heure de trajet, facile
La Colombie, année 1956 : les conservateurs et les libéraux s’entendent pour se partager le pouvoir, après plus d’un siècle de conflits meurtriers. Et cela se passe étonnamment bien. Mais les milices d’autodéfense paysanne, créées durant La Violencia pour résister aux exactions des militaires et des groupes armés conservateurs, ne l’entendent pas ainsi. Elles commencent à se radicaliser dans certaines provinces, en adoptant les doctrines marxistes : les FARC sont communistes, soutenus par Moscou ; l’ELN est castriste, soutenue par La Havane ; l’EPL est maoïste, soutenue par Pékin. Jusque dans les années 70, ces groupes sont plutôt modestes, et souvent limités à quelques centaines de membres. C’est le début de ce que l’on nomme le « Conflit armé colombien » (c’est souvent presque poétique les noms des périodes historiques).
Mais à partir des années 80, de nouveaux acteurs débarquent, faisant entrer le conflit dans une toute autre dimension : les narcotrafiquants, cartel de Medellín en tête, mais aussi le cartel de Cali, plus discret mais tout aussi efficace. Avec eux apparaissent de puissants groupes paramilitaires, initialement financés par les narcos pour se protéger des guérilleros. Et quoi de mieux que la cocaïne pour faire rentrer d’incroyables quantités de devises dans les caisses de tout ce petit monde ! L’idéologie finit presque par devenir secondaire… Au début des années 90, l’ère de terreur des narcos est à son paroxysme : les attentats et les assassinats se multiplient. La Colombie est un enfer sur Terre.
La chute des cartels au milieu de la décennie ne met pas fin au trafic pour autant, loin s’en faut : des plus petits groupes voient simplement le jour à la place des gros, et la production reste globalement stable. Mais les attentats s’arrêtent, toujours ça de pris. Reste le problème de la guérilla. Les différents gouvernements successifs tentent soit de négocier avec, soit de l’éradiquer, mais les deux méthodes semblent inefficaces. Et ce sont comme d’habitude les civils qui finissent par trinquer. Notamment durant les deux mandats du président Uribe entre 2002 et 2010, qui lui choisit la manière forte, en s’appuyant sur les paramilitaires pour faire le sale boulot. Résultat des courses : un beau scandale de « faux positifs », des milliers d’innocents tués et accusés de terrorisme pour récupérer des primes, un classique.
C’est finalement le président Santos qui met fin au long conflit armé avec les FARC fin 2016, après d’ultimes négociations. Ah bah c’est bon alors, fin de l’histoire ? Hum pas tout à fait. Déjà l’ELN castriste est toujours active, rejointe d’ailleurs par certains guérilleros acharnés pas vraiment satisfaits des accords de paix. Et surtout les régions autrefois contrôlées par les FARC sont désormais sous la pression des groupes paramilitaires, en roue libre, habitués à massacrer du coco. Ils se rabattent désormais plutôt sur les responsables associatifs et les défenseurs de l’environnement, plus facile de tuer du baba cool en sandales…
Bon, la Colombie est aujourd’hui un pays infiniment plus sûr qu’il y a vingt ans. La preuve : les touristes y ont débarqué en masse. Mais ceux-ci (moi compris) se contentent néanmoins de suivre un sentier bien balisé, et de larges portions de cet immense territoire (deux fois la France pour rappel) subissent toujours la loi du plus fort, condamnant toujours plus de paysans à se réfugier dans les bidonvilles en périphérie des grandes agglomérations. Non, la fin de l’histoire ne semble pas encore être pour tout de suite…
Note : même pas de photos pour se remonter le moral, désolé, journée un peu off avant une belle rando demain !
Bon, ben pas joyeux……
Oui, tous les pays ne sont pas égaux devant l’Histoire…