Menu Fermer

Jungle pour touristes

Minca

Le bled est plutôt bien vendu : « Échappez à la chaleur étouffante de la côte et venez découvrir le charmant petit village de Minca dans les hauteurs de la Sierra Nevada, pour une totale reconnexion avec une nature préservée. Préparez-vous pour de superbes randonnées, où des centaines d’espèces d’oiseaux vous attendent ! » (J’ai résumé, mais on trouve régulièrement des avis dithyrambiques de cet acabit sur Minca un peu partout en ligne). Ça a l’air sympa nan ? La publicité est peut-être légèrement mensongère.

Bon le village étant situé à 600 m, il fait ici effectivement un peu plus frais que sur la côte, on ne peut pas le nier. Pour ce qui est d’un « joli » village, là par contre je suis tout de suite moins d’accord. Salento, Jardín et Guatapé étaient particulièrement jolis. Minca consiste ni plus ni moins en quelques maisons en parpaings posées au milieu de la jungle, de part et d’autre d’une rivière. On te colle deux-trois noms enchanteurs dessus pour faire genre (« La Casa Maravillosa »…), une guirlande lumineuse pour l’ambiance nocturne, plus quelques fresques pour le côté branché, et voilà le travail, on a un charmant village…

Reconnexion avec la nature ? Ici cela semble consister principalement à ingurgiter divers champignons hallucinogènes ou une belle tranche de space brownie, puis s’en aller comater dans un hamac. Je ne crois pas avoir croisé une telle concentration de substances illicites depuis le paradis hippie de Christiania à Copenhague, c’est dire. Non pas que je ne trouve pas cela plutôt sympathique à l’occasion, mais disons que je n’ai pas tout à fait la même définition d’une reconnexion à la nature… Pour le level au-dessus, j’ai même vu de la pub pour une initiation à l’ayahuasca, pour partir à la rencontre de son moi intérieur, tout un programme… Ou sinon vous pouvez aussi aller vous prendre en photo devant une cascade avant de faire trempette, une reconnexion soft.

Quant aux randonnées promises, à vrai dire la principale raison de ma présence ici, il faut d’abord comprendre quelque chose : la marche est, au choix, ou une activité de riches, ou une activité de pauvres. En Colombie, comme dans beaucoup d’autres pays du monde, on ne marche que quand on n’a pas d’autres choix. Il n’existe donc pas vraiment de sentiers de randonnées en dehors des parcs nationaux (ou privés), dont l’entrée est payante (car oui, un GR, ça coûte de l’argent). Sinon il existe des routes, des pistes, et à la limite des sentes, qui desservent quelques misérables masures. Aujourd’hui j’ai donc parcouru 25 km principalement sur des pistes, régulièrement doublé par des motos ou des 4×4 embaumants, qui trimballent leurs passagers de cascades en fincas. J’ai tout de même réussi à trouver une sente pour finir ma boucle, mais j’ai dû alors esquiver les chiens de garde. Bref, pas une incroyable partie de plaisir. Et les oiseaux me direz-vous ? Oui j’en ai croisé quelques-uns, de loin, entre deux vrombissements de moteurs.

Alors tout n’est pas à jeter pour autant ici : la jungle est plutôt belle malgré tout ; les habitants sont fort sympathiques, à l’instar de tous leurs compatriotes ; l’insécurité des villes est bien loin ; les couchers de soleil sont plutôt classes ; et il y a plein de chats adorables un peu partout, souvent volontaires pour quelques gratouilles. Peut-être pas le paradis annoncé, mais le potentiel est bien là !

2 Comments

    • Vadrouilleur

      Moitié, c’est toujours le problème quand on nous vend du rêve. Mais j’ai mangé deux supers salades mes deux soirs sur place, les crudités ne sont pas si fréquentes en Amérique Latine… :p

Répondre à Vadrouilleur Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *