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La pauvre vieille

Carthagène des Indes → Minca – 5 h puis 1 h de bus

Érase una viejecita sin nadita que comer,
Sino carnes, frutas, dulces, tortas, huevos, pan y pez.
Bebía caldo, chocolate, leche, vino, té y café,
Y la pobre no encontraba qué comer ni qué beber.
Y esta vieja no tenía ni un ranchito en que vivir,
Fuera de una casa grande con su huerta y su jardín.
Nadie, nadie la cuidaba sino Andrés y Juan y Gil,
Y ocho criados y dos pajes de librea y corbatín.
Nunca tuvo en qué sentarse sino sillas y sofás
Con banquitos y cojines y resorte al espaldar.
Ni otra cama que una grande más dorada que un altar,
Con colchón de blanda pluma, mucha seda y mucho olán.
Y esta pobre viejecita cada año, hasta su fin,
Tuvo un año más de vieja y uno menos que vivir.
Y al mirarse en el espejo la espantaba siempre allí,
Otra vieja de antiparras, papalina y peluquín.
Y esta pobre viejecita no tenía que vestir,
Sino trajes de mil cortes y de telas mil y mil.
Y a no ser por sus zapatos, chanclas, botas y escarpín,
Descalcita por el suelo anduviera la infeliz.
Apetito nunca tuvo acabando de comer,
Ni gozó salud completa cuando no se hallaba bien.
Se murió del mal de arrugas, ya encorvada como un tres,
Y jamás volvió a quejarse ni de hambre ni de sed.
Y esta pobre viejecita al morir no dejó más,
Que onzas, joyas, tierras, casas, ocho gatos y un turpial.
Duerma en paz, y Dios permita que logremos disfrutar
Las pobrezas de esa pobre y morir del mismo mal.

Rafael Pombo (1854)

Note : pour ceux ne pratiquant pas couramment la langue de Cervantès, je vous propose la traduction suivante, forcément approximative.

Il était une fois une vieille femme qui n’avait rien à manger, 
Si ce n’est de la viande, des fruits, des bonbons, des gâteaux, des œufs, du pain et du poisson.
Elle buvait du bouillon, du chocolat, du lait, du vin, du thé et du café,
Et la pauvre créature ne trouvait rien à manger ni à boire.
Cette vieille femme n’avait même pas de petite cabane pour vivre,
En dehors d’une grande maison avec verger et jardin.
Absolument personne ne s’occupait d’elle, excepté André, Jean et Gilles,
Plus huit serviteurs et deux pages en livrée et nœud papillon.
Elle n’avait jamais rien d’autre pour s’asseoir que des chaises et des canapés
Avec repose-pieds, coussins et ressorts dans le dos.
Ni aucun autre lit qu’un grand lit plus doré qu’un autel,
Avec un matelas de douces plumes et beaucoup de soie.
Et cette pauvre vieille femme, chaque année jusqu’à la fin de ses jours,
Vieillissait d’une année et en avait une de moins à vivre.
Quand elle se regardait dans le miroir, elle était toujours effrayée
Par cette autre vieille femme portant lunettes et perruque.
Et cette pauvre vieille n’avait rien pour s’habiller,
À part des robes de mille coupes, plus mille et mille étoffes.
Et sans ses souliers, ses bottes et ses escarpins,
La malheureuse allait pieds nus sur le sol.
Elle ne retrouvait jamais l’appétit lorsqu’elle venait de terminer son repas,
Et ne jouissait pas d’une bonne santé lorsqu’elle était malade.
Elle est morte de vieillesse, toute courbée comme un trois,
Et ne s’est plus jamais plainte ni de faim ni de soif.
Et cette pauvre petite vieille n’a rien laissé à sa mort
Que des bijoux, des terres, des maisons, huit chats et un loriot.
Qu’elle repose en paix, et que Dieu nous permette à notre tour de jouir
De la pauvreté de cette pauvre âme, et de mourir du même mal. 

Rafael Pombo (1854)

4 Comments

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