Baden-Baden → Heidelberg – 100 km
Vous vous réveillez parfois avec un étrange vague à l’âme, ne sachant trop son origine ? Le réveil qui sonne, un rêve flou qui s’estompe soudain, et bim, le spleen est là ! Alors bien sûr dans la vraie vie on fait un câlin à son voisin de lit et/ou à ses enfants, on se prépare un bon café, et on file se changer les idées au boulot. Mais ce matin j’étais seul, loin des miens, entouré d’Allemands, et avec 100 bornes à pédaler si je voulais avoir un lit pour dormir ce soir (évidemment sur ce dernier point je dramatise pour mes lecteurs, je peux fondamentalement m’arrêter où je veux, quitte à perdre une réservation. Ou prendre un train, ce n’est pas comme si je ne l’avais jamais fait !). En plus je ne bois pas de café. Alors il faut simplement attendre de voir ce que le destin nous réserve.
Tiens si je ne suivais pas mon GPS aujourd’hui ? Je vais plutôt tenter de me fier aux panneaux de signalisation pour cyclistes qui pullulent ici, en repérant quand même 2-3 villes sur mon parcours, on va éviter de partir directement dans le mauvais sens. Eh bien ça marche plutôt pas mal, et même si forcément c’est un chouia plus long, il est globalement possible de démarrer en vélo de n’importe quel point A pour rejoindre un tout autre point B sans croiser une seule voiture (un tracteur possiblement). Je crois qu’on a quelques progrès à faire par chez nous.
Marrant quand même cette campagne manucurée, on se croirait presque en Suisse. Ou dans un conte de Grimm. Oh tiens, une maison en pain d’épices ! Salut Hansel, tu cherches ta sœur Gretel ? Je crois que je l’ai croisée avec la gardeuse d’oies.
Schloss c’est château si je ne m’abuse ? Eh bien soyons fous, suivons aussi ce panneau. Ah oui effectivement, c’est un beau gros Schloss ça madame.
Un éclair brun traverse ma route, juste devant mes roues. Un campagnol (sans doute) ! Ouf, celui-ci a eu chaud, lors de ma dernière traversée d’Allemagne en 2019, j’avais eu affaire à une bestiole suicidaire, traumatisme pendant des jours.
Oh un énième village mignon. Tiens celui-ci possède même une fontaine « couples », le monde animal y est représenté par paires, de l’humain au batracien, en passant par le (chaud) lapin !
L’arrivée, enfin. C’est Fabrice qui m’accueille, dans un français impeccable mâtiné d’accent sénégalais. Je suis son tout premier hôte, j’ai droit au paquet de chocolat, chouette !
Trop claqué pour la découverte d’Heidelberg, je suis encore là demain. Et puis il est déjà 18h, l’heure de passer à table (oui oui, on est un peu dans un EHPAD géant). Un vrai restaurant allemand, à coup de bière et de Schnitzel. Plein de coucous dans la salle, un joyeux bordel lorsqu’arrive l’heure.
Allez, une petite course pour finir. OMG, ils ont un rayon entier Lindt ! Et là, une table de bière-pong pour la promotion de caisses de bibines bon marché, la bonne idée !
Bon bah voilà, une journée normale finalement, pleine des surprises réservées aux vadrouilleurs. Vague à l’âme ? Quel vague à l’âme ?
Je croyais que tu allais finir par ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants… tant pis une p’tite bière alors…
Le meilleur des remèdes.