Colmar → Strasbourg – 75 km
Pas beaucoup de différences entre le Haut et le Bas-Rhin : j’aurais pu continuer à traverser des champs de maïs et des petits villages proprets, sauf qu’aujourd’hui j’ai suivi des canaux. Champs et villages n’étaient cependant pas bien loin. Mais alors pourquoi cette mince bande de terre arable, le « Grand Ried », a-t-elle été prise à ce point dans les soubresauts de l’Histoire ?
Pas de grosses spécificités durant Paléolithique, Néolithique et Antiquité : les gens passent, s’installent, c’est selon. Les Romains fondent quelques villes, et surtout plantent des vignes, indispensable.
Ce sont ensuite les Alamans qui débarquent, chassant les Romains en 378. Rien à voir avec nos voisins Allemands. Eux ramènent leur propre langue, encore parlée aujourd’hui : l’alsacien, c’est de l’alaman (pas vraiment de l’allemand, on est plus proche du suisse allemand). Puis les Alamans perdent contre Clovis, et l’Alsace devient pour la première fois française. Cela n’est évidemment que le début.
Après la mort de Charlemagne, et quelques conflits d’héritage, l’Alsace sera rattachée à la Francie orientale, à savoir l’ancêtre de l’Allemagne. Puis au Saint-Empire romain germanique (un bon gros pavé qui occupait l’essentiel de l’Europe centrale). Les villes se développent rapidement à la fin du Moyen-Âge, et s’émancipent plus ou moins des pouvoirs centraux. Elles se mettent aussi un peu sur la tronche, classique. La région évite néanmoins les affres de la guerre de Cent Ans, l’avantage d’être à l’écart géographiquement.
Étrange fait notable : une épidémie de « danse » à Strasbourg en 1518, racontée dans l’excellente bande dessinée « Entrez dans la danse », d’après un roman de Jean Teulé.
De 1618 à 1648, c’est la Guerre de Trente Ans (je vous laisse recompter), qui va globalement opposer les catholiques et les protestants de toute l’Europe. L’Alsace semble faire un excellent champ de bataille, assez central. Elle va prendre en tout cas très, très cher, les armées en présence se livrant comme d’habitude à tous leurs menus plaisirs : destructions, pillages, viols… Toujours est-il qu’en 1648, retour en France. Sauf que les Alsaciens ne sont pas plus emballés que ça, d’autant plus que personne ici ne parle français…
Il faudra attendre la Révolution pour enfin sceller le lien à la France : les paysans locaux vont se soulever avec enthousiasme contre la noblesse ! Tout ça pour qu’en 1871, suite à la large défaite de la France contre la Prusse, l’Alsace devienne à nouveau allemande. Et à nouveau sans grand enthousiasme, la population s’étant faite à l’idée d’être française. C’est qu’ça commence à devenir pénible ces c***eries !
Cette dernière période allemande sera toutefois la plus courte, retour au bercail en 1918. Je vous passe l’épisode de 39-45 et des « Malgré-nous », les soldats alsaciens enrôlés contre leur gré dans la Wehrmacht.
Donc si on résume le destin de l’Alsace depuis 1500 ans : France, Allemagne, France, Allemagne, France. Pas une mauvaise idée d’y implanter le Parlement Européen !
Très beaux ces canaux ! Et merci pour la leçon d’histoire !
Service.
Oh une BD que j’ai envie lire maintenant !
Faut juste se méfier, ça donne envie de danser !