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Du pain et des robes

Boukhara

L’Émir de Boukhara faisait venir chaque jour son pain de Samarcande, car c’est bien sûr là-bas qu’est confectionné le meilleur pain du monde. Mais il finit par se dire : « Tout de même, c’est un peu bête, je vais plutôt demander au maître boulanger de Samarcande de venir préparer son pain ici. » Ce qu’il fit. Mais le pain de Boukhara n’avait pas le même goût. « Alors c’est simple, je n’ai qu’à réquisitionner un four de Samaracande ! », se dit l’Émir. Ce qu’il fit. Mais le pain de Boukhara n’avait toujours pas le même goût. « Cela ne peut venir que des ingrédients », supposa l’Émir, « je vais importer la farine, la levure et même l’eau de Samarcande ! » Ce qu’il fit. Mais le pain de Boukhara n’avait définitivement pas le même goût, quand ça ne veut pas… Finalement le boulanger se permit de suggérer que c’était peut-être l’air de Samarcande qui faisait la différence. Et puisqu’il était compliqué de changer l’air, l’Émir renvoya le boulanger chez lui, et recommença à faire venir de Samarcande l’incomparable pain confectionné là-bas.

Un cruel Émir de Boukhara affamait son peuple. Mais sa généreuse femme se servait en cachette dans la réserve royale pour aider la population. Elle fut malheureusement surprise un jour par son mari, qui bien sûr ne put faire autrement que la condamner à mort. À l’époque, les condamnés étaient simplement poussés du sommet du minaret de Kalon, ses 48 mètres de hauteur étant amplement suffisants. En guise de dernier vœu, la femme de l’Émir demanda seulement à pouvoir porter toutes ses robes lors de l’exécution. Le jour dit, elle gravit les nombreuses marches de la sainte tour, et se jeta tranquillement dans le vide, devant une foule de citoyens émus venus lui rendre hommage. Ses larges robes se déployèrent alors, freinant considérablement sa descente, et lui permirent d’atterrir sans dommage. Elle obtint le pardon de son mari, et dans la foulée déposa le brevet du parachute. L’histoire ne précise pas si l’Émir devint ensuite subitement altruiste, ou si le peuple continua de morfler…

4 Comments

  1. Perrot Isabelle

    Pour l’histoire du pain, j’ai la même avec la soupe d’une grand-mère et ses enfants parisiens.
    Mais pour les robes- parachute , excellent 👍

    • Vadrouilleur

      Ah pas tout à fait pareil celle de la grand-mère, puisque les enfants finissent par la faire venir. Le pain de Samarcande, il ne peut être préparé qu’à Samarcande ! 🙂

  2. Perrot Isabelle

    C’est la variante est intéressante. Dans l’histoire de la soupe, il faudrait imaginer les enfants se réinstallant dans le village de la grand-mère…

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