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On dirait le sud…

Arslanbob → Och – 4 h 30 de marshrutkas

Nous y voilà : dernière étape de ce petit périple kirghize. Och, c’est la Marseille locale : deuxième ville du pays, la « capitale du sud » est bien éloignée de Bichkek, aussi bien physiquement que culturellement.

Le Kirghizstan n’est pas si grand, mais en roulant à bonne allure, et sans faire trop de pauses, il faut tout de même 12 heures pour relier les deux villes. Ou prendre l’avion, pour les plus fortunés. Autant dire qu’un monde les sépare. Enfin plutôt une bonne grosse chaîne de montagne. Mais pas seulement.

Car entre steppes et pâturages, c’est la culture nomade qui imprègne le nord du pays, vivant au rythme des saisons ; l’influence russe y est encore forte ; on dort sous la yourte (enfin surtout les touristes désormais) ; on se régale de lagman (nouilles épaisses) et de kilos de bidoche. Mais ici, à la lisière de la fertile vallée de Ferghana, la population s’est sédentarisée depuis fort longtemps : si les contreforts des montagnes sont plutôt secs, les paysages de plaine font fortement penser à l’Occitanie ou au nord de l’Espagne, et les champs dominent dans le paysage. L’ensemble de la vallée étant principalement ouzbèke, ils sont ici en forte minorité (plus de 40% de la population), et cela se ressent sur la ville, nettement plus pieuse et moins portée sur l’alcool (plus explosive aussi, avec à l’occasion de violents affrontements interethniques)… Les hivers sont moins rudes, et il ne neige guère par ici (climat subtropical). Enfin les plats de riz (plov) sont à l’honneur, tandis que la viande est (un peu) moins plébiscitée. En résumé : Och, Bichkek, pas grand-chose en commun…

Les habitants aiment à prétendre que leur ville est plus ancienne que Rome. Certes les archéologues ont effectivement retrouvé quelques traces d’un peuplement datant de 3000 ans, néanmoins c’est surtout au Moyen-Âge que Och va se faire connaître, en tant qu’étape importante sur la route de la soie. Bon les Mongols vont tout raser au XIIIème siècle, mais la ville reprendra rapidement vie. Et verra même passer dans le coin le jeune Babur, fondateur de la dynastie Moghole en Inde. Les Russes raseront tout à leur tour, il faut savoir se faire plaisir dans la vie. Disparaîtra notamment l’intégralité du riche patrimoine religieux durant la joyeuse période soviétique. Inutile donc de chercher dans le coin de quelconques monuments d’un lointain passé. Enfin à l’exception d’une montagne sacrée, Sulaiman-Too, un important lieu de pèlerinage qui trône majestueusement en plein cœur de la ville, dominant fièrement la plaine. Il faut dire aussi que c’est nettement plus compliqué à raser…

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