Kumejima
J’ai un peu de mal à ne rien faire. Je peux, mais il faut y aller progressivement. Par exemple une petite balade d’une vingtaine de bornes aujourd’hui, c’est un bon échauffement. Demain on diminuera…
Et puis il faut bien explorer un peu les environs. Bon les champs de canne à sucre, les collines, la jungle, les plages, les petits villages, même si tout ça est très plaisant, on connaît. La principale surprise est venue des tombes. Il ne semble pas y avoir de cimetières. Ou plutôt si : l’île entière semble être le cimetière, avec des sépultures de-ci de-là, comme disposées au petit bonheur la chance.
Sur les îles du nord, les cimetières sont vastes, mais faute de place, les tombes sont plutôt rudimentaires : des sortes de petits piliers cubiques avec une courte inscription, densément alignés, à perte de vue. Parfois quelque chose de légèrement plus imposant, pour ceux qui ont les moyens j’imagine. La crémation doit être obligatoire, ou alors il y a embouteillage de cercueils sous terre… Ici en revanche, la moindre tombe est un caveau, de plus ou moins belle facture, mais systématiquement massif. Forcément, ça interpelle !
Si comme leurs collègues du nord, les Okinawaïens sont majoritairement shintoïstes et bouddhistes, la religion a toujours occupé une place très minime dans ces îles tropicales. En revanche, grâce au lien étroit qui a été développé depuis longtemps avec la Chine, le culte des ancêtres a pris une grande importance. Ainsi la taille des tombes (haka) permet de montrer l’attachement que l’on porte aux défunts (ce sont des caveaux familiaux), tout en affichant bien sûr son statut social. On trouve d’ailleurs généralement devant le haka un espace pour que toute la famille puisse se réunir occasionnellement, notamment au printemps pour shimi, une journée où l’on vient en groupe festoyer, honorer la mémoire des morts, déposer des offrandes, et au passage donner un coup de polish. Si auparavant chaque sépulture de noble pouvait être une véritable œuvre d’art, et potentiellement endetter les descendants, désormais on a surtout affaire à du préfabriqué, dommage.
Et pourquoi ces haka se retrouvent un peu partout me direz-vous ? Déjà s’ils devaient tous rentrer dans un lieu unique, ça prendrait beaucoup de place. Et puis lors de shimi, imaginez le bordel ! Donc chaque famille va construire son caveau là où elle trouve de la place, sur son terrain, en bord de route… Le must a priori étant sur une colline avec vue sur la mer. Évidemment, pour passer l’éternité on ne fait pas mieux !






















Tombes aussi grandes que les maisons ! Je croyais qu’il n’y avait pas de place au Japon, mais finalement si.
Dans les métropoles, la place est effectivement limité, mais ici, ça passe : 8000 habitants à Kumejima, pour presque 60 km², on peut bien y mettre quelques tombes !