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La joyeuse vie des Saints, volume 1

Sagres → Odeceixe – 60 km

Hier le cap Saint-Vincent, et me voici désormais à longer la Costa Vincentina, plein nord jusqu’à Lisbonne. Le tout dans un magnifique parc naturel, ce qui ne gâche rien.

Mais alors qui donc est ce Saint Vincent qui semble avoir la cote dans le coin ? Originaire de la région beaunoise, j’ai toujours connu les fêtes de la « Saint-Vincent tournante », une beuverie chic qui se déroule chaque année fin janvier dans une des appellations de la côte. Quelques noms à faire saliver l’œnologue qui se cache en vous : Pommard, Meursault, Puligny-Montrachet, Chambolle-Musigny… Le saint patron des vignerons (depuis le XVIème siècle) serait-il plus qu’un joyeux alcoolique ?

Celui qui nous concerne (car des Vincent on en a canonisé un paquet) est Vincent de Saragosse, un diacre mort en 304 à Valence. Son martyre va être particulièrement gratiné, ce qui va lui conférer rapidement un succès indéniable. Qui dit martyr dit bourreau, en la personne du juge Dacien, celui-ci va s’amuser un peu avec ce bon vieux Vince ! On commence par lui présenter des idoles, nope, pas intéressé, bim, supplice des ongles de fer (aiguilles introduites sous les ongles). En apéro. Ne voulant toujours pas renier les Saintes Écritures, on le rôtit sur un grill, jusqu’à ce qu’il finisse en cendres. La logique aurait voulu qu’on s’en tienne là, mais non : Vincent (ses cendres ?) est ensuite jeté dans un cachot jonché de tessons, les jambes maintenues écartées par une pièce de bois. Ça ne doit pas être agréable… A priori cette fois il est mort, puisque son corps est ensuite jeté aux bêtes sauvages, mais fort heureusement défendu par un corbeau (balèze la bestiole). Enfin, histoire d’être vraiment tranquille, Dacien ordonne de l’immerger avec une meule attachée au cou. Bon sauf qu’apparemment le corps flotte (mauvais calcul du poids de la meule ?) et revient sur la plage, preuve irréfutable de la sainteté de Vincent.

Après tout ça, la gloire : tout le monde va s’arracher au prix fort ses reliques (c’était un peu les cartes Pokémon de l’époque). Ses ossements vont miraculeusement se démultiplier, et parcourir l’Europe. Que vient faire le Portugal dans tout ça ? Eh bien au XIIème siècle, un prêtre de Lisbonne, suite à une révélation divine, part en quête du corps du côté de Valence, et rentre victorieux, accompagné de corbeaux (bien protégé donc…). Et Saint-Vincent est depuis le saint patron de Lisbonne. Quant au Cap Saint-Vincent, lui aurait hébergé les restes du Saint à partir de 779, en pleine domination musulmane. Bon, un peu nébuleux vous en conviendrez…

Et pourquoi diantre le patron des vignerons ? Pas d’explications définitives. Sa mort le 22 janvier coïnciderait avec la première taille de la vigne. Ou encore tout simplement vin-sang, un bon vieux calembour. Je valide cette deuxième option.

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