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Histoires de Mewar

Udaipur

Visite aujourd’hui de l’incroyable palais d’Udaipur, demeure des Maharanas de Mewar depuis 1559. Jusque-là la capitale de Mewar se trouvait à Chittorgarh, un peu plus à l’est. Mais pour mieux se protéger de la montée en puissance des Moghols, Udai Singh II, le Maharana de l’époque, commence à arpenter la jungle environnante en quête d’un meilleur spot pour sa nouvelle capitale. Sur les berges du paisible lac Pichola, il tombe sur un Sâdhu en pleine méditation. Par respect, le roi s’assoit à ses côtés. Le sage interrompt alors sa méditation pour lui annoncer spontanément que s’il bâtit ici son palais, il résistera à l’assaut des siècles. Juste prophétie ! Udai Singh II s’attelle à la tâche, en commençant évidemment par un sanctuaire dédié au Sâdhu visionnaire.           

Son fils, Pratap Singh, passera l’essentiel de sa vie à batailler contre les Moghols. Contrairement aux dirigeants de l’époque qui se juchaient sur de gigantesques éléphants de guerre, Pratap monte à cheval, dont il préfère la maniabilité, essentielle dans les collines qui forment son royaume. Astuce suprême : l’armure de son destrier est agrémentée d’une trompe particulièrement réaliste. Ainsi les pachydermes adverses, prenant cette étrange créature pour un éléphanteau, n’envisagent pas un instant de lui faire du mal ! Après de nombreux « matchs nuls », les Moghols finiront par plus ou moins respecter l’intégrité territoriale de Mewar via un traité signé en 1615 par le fils de Pratap, Amar.

En 1794 naît Krishna Kumari, la fille de Bhim Singh. Évidemment d’une grande beauté. Mais suite à une légère erreur administrative (aaah l’administration), la main de la jeune femme est promise à deux princes, de Jodhpur et de Jaipur. Et voilà que tous les deux se ramènent avec leur suite aux portes d’Udaipur. Impossible d’accorder la main de Krishna à l’un, ce serait un terrible affront pour l’autre, qui ne pourrait que dégénérer. La seule solution honorable serait que la malheureuse fiancée meure. Le poison fera l’affaire, personne ne souhaitant se résoudre à planter une dague dans le cœur de la jeune femme. Celle-ci prie longuement, puis s’exécute. Mais rien ne se passe. Mauvais dosage ? Elle prie à nouveau, et recommence. Toujours rien. Elle doit finalement s’y reprendre à quatre fois avant de finir par sombrer dans un sommeil éternel. Le courage incarné.

En 1911, le roi George V se rend en Inde, et un dârbar (audience publique) est organisé à Delhi avec l’ensemble des princes et dignitaires locaux. Les Maharanas ne sont pas spécialement fans des Anglais. Ils composent avec parce qu’ils n’ont pas vraiment le choix, mais ils se considèrent comme les seuls et uniques protecteurs de Muwar, et militent farouchement pour l’indépendance ! Le dirigeant de l’époque, Fateh Singh, accepte de se rendre au dârbar en trainant les pieds. Mais en arrivant sur place, il s’aperçoit qu’il est relégué assez loin dans l’ordre protocolaire. Trop c’est trop, il fait demi-tour.

Finalement lorsque l’Inde obtient enfin son indépendance, Bhupal Sing, un intellectuel progressiste paralysé dès son plus jeune âge des suites de la tuberculose, sera l’un des premiers à accepter de dissoudre son royaume au sein du pays nouveau-né. Pour autant la looongue dynastie des Maharanas de Muwar poursuit son petit bout de chemin, continuant de veiller sans relâche sur ses collines millénaires.

10 Comments

  1. P'pa

    Très joli tout ça. Petite question sur les vaches : on en voit avec cornes et d’autres sans cornes; on leur coupe comme en France ?

    • Vadrouilleur

      Alors là c’est une colle, je demanderai… En repassant en revue toutes mes photos, je n’en ai vu finalement que 2 sans cornes, et effectivement elles ont l’air d’avoir été coupées !

  2. Jean-Marie Perrot

    Les Indiens doivent trouver nos villes et nos architectures bien minimalistes quand ils viennent chez nous. Même les églises baroques d’Autriche, de Pologne ou portugaises sont de petites joueuses au regard de tous ces décors !
    Mais toi, tu en prends plein les yeux 🤑 !

    • Vadrouilleur

      Ou peut-être qu’ils trouvent ça reposant ! 🙂 Mais il est vrai que le terme « profusion » est particulièrement adapté à l’Inde : de gens, d’animaux, de déchets, de marchandises, de couleurs, de décorations…

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