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De pirates à expats

West End (Roatán)

Les Îles de la Baie, et plus spécifiquement Roatán (de loin la plus grande), ont vu passer un sacré paquet de têtes différentes au fil des siècles. Faire preuve de racisme dans le coin n’aurait pas vraiment de sens.

Au commencement étaient les Paya. Ou les Lenca. Ou les Mayas. Ou même les Tolupan. On ne sait pas trop en fait. En tout cas un peuple apparenté à ceux vivant sur le continent…

Puis débarquent les Espagnols, rapidement suivis de leurs esclaves. Les indigènes sont entre temps décimés par diverses maladies, oups.

Anglais et Espagnols se mettent ensuite copieusement sur la tronche. Les seconds calent un peu l’affaire. Or qui dit Anglais dit bien sûr boucaniers. Français et Hollandais se mêlant à la fête, plusieurs repaires de pirates voient le jour sur les côtes de ce havre caribéen. La belle époque.

Au XVIIIème siècle, c’est tout un détachement de la British Army qui s’installe ici, à la cool. Britanniques qui à la fin de ce même siècle expatrient à Roatán le peuple Garifuna (un métissage entre indigènes caribéens et esclaves affranchis), défait durant la Seconde Guerre des Caraïbes (ils voulaient l’indépendance de Saint Vincent, les fous).

Puis suite à l’abolition de l’esclavage dans tout l’empire en 1833, un paquet de gens débarquent des Îles Caymans (elles ne sont pas si lointaines), constituant pour un temps la majorité de la population de Roatán.

Qui est ensuite généreusement offerte au jeune Honduras, comme ça, c’est cadeau. Sauf que ça ne plaît pas à tout le monde (d’autant plus que l’on parle ici majoritairement anglais, on ne va quand même pas se mettre à l’espagnol !), alors les colons demandent à un certain William Walker de venir les aider à former une république indépendante. Attendez, ce nom me dit quelque chose ?! Oui, vous l’avez ? Mais bien sûr, ce bon vieux William, qui a déjà fait des siennes au Nicaragua ! Bon malheureusement, son aventure s’arrête avant même d’atteindre les Îles de la Baie, puisqu’il est capturé par les Britanniques et exécutés par les Honduriens pour piraterie. Ballot.

Au XXème siècle, ce sont les métisses honduriens qui quittent un continent gangrené par la violence et la misère pour venir tenter leur chance dans les îles. Et on se met de facto bel et bien à parler l’espagnol.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais c’était sans compter sur la vicieuse tendance des touristes à flairer les petits coins de Paradis. Attends, tu me dis qu’on peut trouver une belle île tropicale aux eaux limpides, pas surpeuplée, relativement sûre, à deux heures de vol de Miami, où les tarifs sont dérisoires, où les gens parlent anglais, et où la barrière de corail est encore parfaitement préservée ? J’arrive ! Nombreux sont ceux à ne jamais être repartis. Car ça, c’était il y a trente ans. Désormais, certains coins sont devenus surpeuplés, et les tarifs ont flambé. Mais le reef, lui, a miraculeusement survécu…

Et donc aujourd’hui Roatán, c’est une île à la longue histoire devenue aussi cosmopolite que Paris, dans un décor de carte postale. Plutôt plaisant.

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