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On dirait le sud, version maya

Copán Ruinas

J’ai déjà amplement évoqué les merveilles du monde maya et de ses cités perdues. Copán était l’une des plus belles et puissantes d’entre elles, à la pointe sud-est de la vaste zone géographique dont cette brillante civilisation s’était rendue maîtresse. Pour rappel, ayant affaire à des cités-états, on parle plus d’aire culturelle que d’empire… Ce qui fait que l’on ne se lasse guère de visiter ces ruines entourées de jungle : elles possèdent toutes leurs caractéristiques propres. Ici, on peut admirer une statuaire des plus impressionnantes. Et des aras rouges en pagaille.

À Copán (ou Xukpi), on trouve des traces d’occupation vieilles de plus de 3 000 ans, mais l’histoire documentée de la cité commence précisément en 426, avec le règne de K’inich Yax K’uk’ Mo’ (cherchez pas à prononcer), le fondateur d’une dynastie de 16 « divins seigneurs » qui gouverneront glorieusement jusqu’en 810 environ. L’apogée de la ville se situe sous les règnes de Imix K’awiil, alias « Jaguar de fumée » (628 – 695), et de son fils Waxaklajuun Ub’aah K’awiil, alias « 18-Lapin » (695-738). On bâtit alors du temple à tour de bras, on sacrifie à la chaîne (faut bien que les temples servent à quelque chose), l’économie est florissante, et près de 30 000 personnes se pressent dans l’étroite vallée où la cité est construite.

Mais les galères vont commencer avec la capture et l’exécution de 18-Lapin (on ne se moque pas) par le boss d’une petite cité vassale dont personne ne se méfiait (sans doute avec l’appui de Calakmul, l’autre grande puissance rivale de l’époque, sont fourbes ces Mayas). Ça la fout mal dans une théocratie quand un « divin seigneur » se fait décapiter bêtement ! Puis ce sera au tour de l’économie de battre de l’aile : on estime qu’à la fin du VIIIème siècle, il n’y a plus un seul arbre à 30 km à la ronde. C’est beaucoup 30 km, surtout à pied. On va commencer alors à s’attaquer aux versants abrupts de la vallée, créant ainsi de l’érosion, obligeant à défricher encore plus, pour encore plus d’érosion… Donc appauvrissement des terres, inondations, malnutrition (clairement observée sur les squelettes de cette époque). La réponse des instances dirigeantes : les Dieux ne semblent pas contents, construisons des temples plus grands et pratiquons plus de sacrifices ! Étrangement, cela n’a pas fonctionné. Alors les gens ont commencé à se dire qu’ils pouvaient peut-être se débrouiller aussi bien sans « divins seigneurs »… Et tant pis pour les beaux temples que nos lointains descendants viendront visiter 1 200 ans plus tard. Contrairement à nombre de ses consœurs, la ville ne sera pas brutalement abandonnée, mais, son heure de gloire définitivement derrière elle, elle se videra juste progressivement de ses habitants durant encore plusieurs siècles.

Euh, t’avais pas parlé d’aras rouges ? Ah oui en effet, merci pour le rappel. Si la jungle qui aujourd’hui entoure à nouveau les ruines (oui les arbres ont eu le temps de repousser depuis le VIIIème siècle) bruisse de nombreux chants d’oiseaux, ce sont surtout les puissants cris des aras qui se font entendre. Alors il y a quand même une petite « tricherie » : un centre de réhabilitation non loin récupère les nombreux aras braconnés, les soigne, tente de les déshabituer à l’humain, puis les rend à la nature, justement dans la zone des ruines, où se trouvent nombre de leurs confrères sauvages, et où ils reçoivent encore ponctuellement des fruits. Difficile donc de les rater. Mais ces magnifiques créatures sont désormais complètement libres, et les voir traverser le ciel dans un éclair de couleur, juste au-dessus des pyramides antiques, est un spectacle plutôt saisissant.

Note : nouveau départ à l’aube, photos (nombreuses) demain !

2 Comments

  1. Isabelle

    Les erreurs écologiques d’autrefois n’a ont malheureusement Gien appris aux hommes d’aujourd’hui. Continuons donc de déforester !

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