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Un bout du monde

Rincón del Mar

En guise de dernier arrêt colombien, j’avais envie d’un coin sympa où j’aurais pu ne pas faire grand-chose. Peut-être me dégourdir quand même un peu les jambes, mais pas nécessairement une rando de 25 km. Peut-être faire trempette pour échapper un instant à la lourde chaleur tropicale. Peut-être un hamac dans un coin, avec une jolie vue. Peut-être un peu de faune exotique, parce qu’un monde avec juste des humains, ce serait quand même drôlement triste. À la limite je peux me contenter de quelques chats fainéants, même si pour l’exotisme, il y a mieux.

Rincón del Mar cochait toutes les cases.

La route s’arrête ici. Elle se transforme d’abord en piste de terre, puis de sable, et elle-même finit par s’évanouir. Il y a encore dix ans, on ne trouvait au bout de cette route que quelques cabanes de pêcheurs le long d’une jolie plage, avec les barques de rigueur. Aujourd’hui de même, mais quelques-unes de ces cabanes se sont progressivement transformées en petites pensions rustiques, qui rapportent indubitablement plus de pesos que les poissons. On est heureusement encore loin de la foule de visages pâles, et c’est tant mieux. Étonnamment, une majorité de Français, grâce (à cause ?) à la présence du village dans le sacro-saint Guide du Routard, la bible du voyageur tricolore. N’étant pas en sa possession, et n’ayant trouvé mention des lieux qu’en fouillant un peu sur internet, c’est toujours surprenant de débarquer ici au milieu de ses compatriotes, et de tomber sur un restaurant basque par exemple…

Ce qui est chouette à Rincón, c’est que ce nouvel afflux de gringos ne semble pas avoir (encore) fondamentalement bouleversé le rythme de vie séculaire de ses habitants : on se lève tôt pour profiter de la fraîcheur matinale, les barques colorées parcourent les eaux peu profondes de la mangrove, des mules lourdement chargées traversent parfois l’unique rue du village, un pêcheur répare nonchalamment son filet depuis le fond de son hamac, et l’après-midi venu, quand le soleil daigne enfin diminuer d’intensité, les jeunes improvisent des parties de foot un peu partout, tandis que les vieux jouent aux dominos (ou aux petits chevaux), ou simplement taillent le bout de gras sur le pas de leur porte. Une vie simple.

Personnellement, deux jours c’est bien. Après, je commence à m’ennuyer. Un privilège de riche sans aucun doute.

Note : Il n’y a pas eu d’électricité une grande partie de la journée. Pas de Wifi non plus donc. Ni même de réseau. En terme d’immersion, plutôt sympathique. Les gens semblaient étonnamment désœuvrés.

Note 2 : Histoire de finir ce séjour colombien en beauté, je me suis motivé ce soir pour une session de nage nocturne au milieu du plancton bioluminescent, particulièrement abondant dans une lagune des environs, accessible après un petit tour de barque assez remuant. Sublime.

2 Comments

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